Histoire de Montdidier

Livre IV - Chapitre II - Section LIV

par Victor de Beauvillé

PARMENTIER (Antoine-Augustin) naquit le 12 août 1737, et non le 17, comme le prétendent mal à propos plusieurs biographes. Jean-Baptiste-Augustin, son père, était marchand linger ; sa mère s'appelait Marie-Euphrosine Millon. Parmentier perdit son père en bas âge, et resta avec une sœur et un frère à la charge de sa mère, dont la position de fortune était des plus modestes ; ce fut elle qui entreprit l'éducation de ses enfants et enseigna à son fils les premiers principes de la langue latine, qui lui était familière.

Le peu d'aisance qu'il y avait dans la maison ne permit point de faire donner à Parmentier une instruction complète, et il fallut de bonne heure songer à lui créer des moyens d'existence. A peine avait-il treize ans accomplis qu'on le plaça, comme élève, chez un pharmacien de Montdidier ; c'est à cette éducation tronquée qu'il faut attribuer les imperfections qui se trouvent dans les ouvrages de notre compatriote ; lui-même le reconnaissait et regrettait, dans un âge plus avancé, de n'avoir pu terminer des études dont il sentait toute l'importance. En 1755, Parmentier fut appelé à Paris par Simonnet, pharmacien, son parent : il n'avait que dix-huit ans quand il quitta sa ville natale, et ne devait y revenir qu'à de rares intervalles.

Le goût naturel de Parmentier pour les sciences, développé par un maître habile, hâta ses progrès et le mit en état de se suffire à lui-même. Il partit, en 1757, comme pharmacien, pour l'armée de Hanovre, et servit sous les ordres de Bayen, dont il ne tarda pas à gagner l'estime et l'amitié ; il se concilia également la bienveillance de Chamousset, intendant général des hôpitaux militaires. Ces deux protecteurs le firent passer rapidement par les grades intermédiaires, et obtinrent pour lui le brevet de pharmacien en second de l'armée, quoiqu'il fût à peine âgé de vingt-quatre ans.

Pendant la guerre de Hanovre, Parmentier mérita la reconnaissance générale par sa fermeté et son dévouement. Une épidémie dangereuse s'était déclarée dans les hôpitaux ; il en brava les atteintes avec intrépidité, anima, par son exemple, le zèle des pharmaciens placés sous ses ordres, et contribua, au péril de sa vie, à arrêter les ravages de la contagion. Cinq fois, dans le cours de cette guerre, il fut fait prisonnier et dépouillé entièrement par des hussards prussiens ; conduit en Prusse et renfermé dans une forteresse, on ne lui donna pour toute nourriture que des pommes de terre. Cet aliment passait pour le plus vil ; Parmentier le trouva nourrissant, salutaire et très-économique, et forma dès lors le projet, s'il était rendu à la liberté, de se dévouer à la propagation de cette plante : ainsi fut conçue, dans le fond d'une prison, l'idée de la plus belle et de la plus utile de toutes les améliorations agronomiques.

Mis en liberté, Parmentier se rendit à Francfort-sur-le-Mein, où il logea chez Meyer, chimiste très-distingué, avec lequel il se lia étroitement, et dont il aurait pu devenir le successeur et le gendre, si l'amour de la patrie ne l'avait rappelé en France. Il se fortifia dans la connaissance de la langue allemande, étudia les méthodes pharmaceutiques usitées dans le Nord, et se mit en relation avec plusieurs savants, notamment avec Model, premier pharmacien de l'impératrice de Russie, dont plus tard il traduisit les ouvrages.

Revenu à Paris en 1763, Parmentier se livra au travail avec une ardeur nouvelle, se remit sur les bancs et suivit avec assiduité les cours de physique de Nollet, ceux de chimie de Rouelle, dont il fut quelque temps le préparateur et les herborisations de Bernard de Jussieu. Sa passion pour l'étude était si grande qu'il se privait de vin et retranchait sur sa subsistance, afin de pouvoir acheter des livres. Ayant épuisé ses ressources, il entra en qualité de simple élève chez un pharmacien nommé Lauron. La perspective qui s'ouvrait devant lui n'était pas attrayante, mais une place de pharmacien gagnant maîtrise, étant devenue vacante aux Invalides (1765), il se présenta au concours et l'emporta sur ses rivaux.

Parmentier passa six ans dans cette nouvelle position, continuant sans relâche les travaux qui devaient rendre son nom célèbre, et cultivant de ses mains un petit jardin où il se livrait à des expériences sur les diverses plantes dont l'homme pourrait tirer parti pour sa nourriture. La vivacité de son esprit, son empressement à obliger, le faisaient aimer de tous ; les Sœurs qui dirigeaient la pharmacie étaient fières de l'avoir sous leurs ordres : malheureusement la bonne intelligence ne put durer toujours. Après avoir achevé son temps d'épreuve, il se fit recevoir maître en pharmacie, et il était sur le point d'ouvrir une officine dans Paris, quand le baron d'Espagnac, gouverneur des Invalides, et le conseil d'administration de l'hôtel, voulant le garder, obtinrent qu'il fût créé en sa faveur une place d'apothicaire-major, chef de la pharmacie des Invalides. Le brevet en fut expédié le 18 juillet 1772 ; mais les Sœurs, qui jusqu'alors avaient eu la direction absolue de la pharmacie, ne voulurent point se laisser déposséder de leurs priviléges : elles firent tant de démarches et eurent recours à de si puissants protecteurs, qu'elles parvinrent, le 31 décembre 1774, à faire révoquer le brevet accordé à Parmentier. Dans cette circonstance, comme dans bien d'autres, le mérite fut sacrifié à l'amour-propre. Le roi, pour indemniser Parmentier, lui accorda une pension égale au traitement de sa place, qui était de 1,200 liv., et lui conserva son logement aux Invalides.

Libre de toute occupation, Parmentier se consacra entièrement à des travaux d'utilité générale. Trois ans auparavant, il avait, par un excellent Mémoire, signalé dignement son entrée dans la carrière qu'il devait parcourir avec tant d'éclat. L'académie de Besançon avait proposé un prix sur cette question : Quels sont les végétaux nourrissants qui, dans les temps de disette, peuvent remplacer les aliments ordinaires ? Parmentier concourut et remporta le prix. Dans son Mémoire, inséré en 1772 dans le Journal d'Agriculture, il examine les différentes plantes qui peuvent servir à l'alimentation, et indique comme la plus précieuse la pomme de terre. Cette plante était cultivée dans quelques parties de la France, mais on la regardait comme propre seulement à l'engraissement des animaux ; un homme n'eût point osé s'en nourrir ; les préjugés les plus extraordinaires régnaient contre elle : on prétendait qu'elle causait des épidémies et donnait la fièvre, qu'elle épuisait la terre et ne pouvait pousser que dans des terrains très-riches : on soutenait même que c'était un végétal vénéneux. Pour détruire ces préjugés, Parmentier se livra à une série d'expériences sur la nature de cette plante, et il en publia les résultats, en 1773, dans un ouvrage intitulé : Examen chimique des pommes de terre, dans lequel on traite des parties constituantes du froment et du riz.

En 1774, il donna les Récréations physiques de Model, avec des additions qui doublent l'étendue du texte et contiennent des observations importantes sur divers points de chimie et d'agriculture, sur les eaux minérales, la carie, le chaulage du blé, etc. Il s'y élève contre les dangers attribués à l'ergot du seigle, et cite, comme un exemple de son innocuité, l'épreuve qu'il a tentée sur lui-même. « On a même lieu de penser, » dit M. Virey, « que cet ouvrage le lança entièrement dans la carrière de l'économie domestique et rurale, puisqu'on le voit ensuite publier d'année en année une foule de recherches, d'observations, d'analyses sur les grains, les farines, etc. »

Presque en même temps il réimprima la Chimie hydraulique de la Garraye, ouvrage qui serait complétement oublié sans les notes dont il l'enrichit.

Ces différents travaux firent connaître le nom de notre compatriote ; plusieurs académies l'admirent dans leur sein. Il reçut, en 1774, le brevet de censeur royal, avec ordre de voyager dans plusieurs parties de la France, et de rechercher les causes de la mauvaise qualité du pain ; il trouva qu'elle provenait non-seulement du mode défectueux employé pour le faire, mais encore des procédés vicieux qui étaient usités pour réduire le blé en farine. Il conçût dès lors le projet d'opérer une révolution dans la partie la plus importante de l'économie domestique. Son premier essai fut une petite brochure qu'il fit paraître en 1774, sous le titre de Méthode facile pour conserver à peu de frais les grains et les farines : ce n'était que le prélude des nombreux ouvrages qu'il devait composer sur cette matière.

Pendant ce voyage, Parmentier vint à Montdidier ; il y fut reçu avec l'empressement et la considération que méritaient ses talents. Nos concitoyens mirent à profit sa présence dans leurs murs, et le consultèrent sur un fléau qui ravageait les récoltes ; c'était la carie du froment ou blé noir, comme on l'appelle dans le pays. En 1775, plusieurs champs des environs de notre ville furent atteints de cette maladie. Parmentier se procura du blé noir, le soumit à diverses expériences chimiques, détermina la nature de la maladie, et conseilla le chaulage comme moyen préservatif. Ses observations sont consignées dans un Mémoire lu à la Société royale de médecine, en 1776, et intitulé : Analyse de la carie du froment. Pendant son séjour à Montdidier, il perdit une somme d'argent assez forte ; celui qui l'avait trouvée, pour ne pas dire plus, la restitua quelque temps après à un ecclésiastique de cette ville, qui écrivit à Parmentier pour lui demander de quelle manière il devait la lui faire passer ; il en reçut la réponse suivante : « Cet argent est entre bonnes mains ; vous le distribuerez aux pauvres de la paroisse du Saint-Sépulcre, où j'ai été baptisé : en devenant chrétien, n'ai-je pas contracté l'obligation de faire l'aumône ? ».

Vers cette époque, Linguet publia, dans les Annales politiques, dont il était le principal rédacteur, plusieurs articles sur les eaux de la Seine, qu'il accusait d'être insalubres et d'occasionner des épidémies. Grande fut la rumeur à Paris, où ces articles jetèrent l'inquiétude la plus vive dans la population : Parmentier prit la plume et réfuta victorieusement les sophismes de son adversaire.

L'Avis aux bonnes ménagères des villes et des campagnes sur la meilleure manière de faire le pain, qui parut en 1777, eut un succès immense et produisit une véritable révolution dans l'économie domestique. La municipalité de Montdidier écrivit à l'auteur pour lui exprimer sa reconnaissance et lui demander un homme capable de mettre en pratique les préceptes renfermés dans son ouvrage. Parmentier n'envoya pas un boulanger dans sa patrie, mais il s'y rendit lui-même, et on le vit, avec un étonnement mêlé d'admiration, joindre la pratique à la théorie, et exécuter toutes les manipulations de la meunerie et de la boulangerie ; elles lui étaient familières, car depuis longtemps il s'y était habitué à l'hôtel des Invalides. Les maïeur et échevins lui firent part des heureux résultats obtenus dans la ville : leur lettre de remercîment a été insérée à la suite de l'Avis.

Le Parfait boulanger, un des principaux ouvrages de notre compatriote, et l'un de ses titres les plus durables à l'estime des véritables philanthropes, vit le jour en 1778. A la même époque, il s'occupait de la panification de la pomme de terre ; il fit aux Invalides, en présence de Franklin et d'autres savants, des expériences qui furent couronnées de succès. Le biscuit de Savoie, ornement de nos desserts, est dû à Parmentier : bien des gens en ont mangé et en mangeront sans se douter à qui ils en sont redevables. La découverte d'un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain, dit avec infiniment d'esprit Brillat-Savarin, que la découverte d'une étoile. La base du gâteau de Savoie est la fécule de pommes de terre.

Parmentier savait tirer de cette plante les produits les plus opposés ; il en faisait à sa volonté du pain ou de l'eau-de-vie. Il donna un jour à de nombreux convives un dîner dans lequel on ne servit que des pommes de terre ; il décrit ce repas dans son Examen chimique des pommes de terre, page 225 : « La facilité, » dit-il, « avec laquelle nos pommes de terre se prêtent à toutes sortes de ragoûts m'a fait naître l'idée d'en composer un repas auquel j'invitai plusieurs amateurs, et, au risque de passer pour être atteint de la manie des pommes de terre, je veux en faire la description : c'était un dîner ; on nous servit d'abord deux potages, l'un de purée de nos racines, l'autre d'un bouillon gras dans lequel le pain de pommes de terre mitonnait assez bien sans s'émietter ; il vint ensuite une matelote suivie d'un plat à la sauce blanche, puis d'un autre à la maître-d'hôtel, et enfin d'un cinquième au roux. Le second service consistait en cinq autres plats non moins bons que les premiers : d'abord un pâté, une friture, une salade, des beignets et le gâteau économique dont j'ai donné la recette. Le reste du repas n'était pas fort étendu, mais était délicat et bon : un fromage, un pot de confitures, une assiette de biscuits, une autre de tartes, et enfin une brioche, comme tout le reste, de pommes de terre, compo soient le dessert. »

« Il y avait deux sortes de pain : celui mêlé de pulpe de pommes de terre et de farine de froment représentait assez bien le pain mollet ; le second fait de pulpe de pommes de terre, avec leur amidon, portait le nom de pain de pâte ferme.  .  .  .  .  Chacun fut gai, et si les pommes de terre sont assoupissantes, elles produisirent sur nous un effet tout contraire. »

C'est ainsi que Parmentier propageait autant par son exemple que par ses écrits l'usage de ce tubercule.

Son Traité sur la châtaigne partit en 1780 ; il est le premier qui ait constaté l'existence du sucre dans ce fruit.

L'un des vœux les plus ardents de Parmentier fut accompli le 8 juin 1780 : on ouvrit dans la capitale une école de boulangerie, dont il fut nommé professeur avec Cadet de Vaux. Le discours qu'il prononça à l'ouverture de l'école a été imprimé, et renferme, tracé à grands traits, l'historique de l'art de la meunerie et de la boulangerie. Son enseignement fut très-suivi et produisit beaucoup de bien. Ne bornant pas leur zèle à ces leçons, les deux professeurs faisaient encore de fréquentes excursions dans les provinces pour y introduire les meilleurs procédés. Au mois de septembre 1786, ils ouvrirent des cours à Amiens dans la salle de concert, assistés des délégués de l'Académie, Reynard, Lapostolle et d'Hervillez, et sous les yeux de M. d'Agay, intendant de Picardie ; partout ils recueillaient le témoignage de la reconnaissance publique ; les états de Bretagne firent frapper une médaille d'or en leur honneur. Toutes les recherches que j'ai faites à Paris, à Nantes et à Rennes, pour obtenir communication de cette médaille ou pour savoir au moins ce qu'elle représentait, ont été vaines. M. Cadet de Vaux, petit-fils du collègue de Parmentier, substitut, en 1845, près le tribunal de Beauvais, m'a assuré, à cette époque, avoir vu dans sa jeunesse cette médaille chez son père ; mais il n'a pu me donner aucun autre renseignement : il pense qu'elle aura été égarée lorsque son père alla se fixer à Alger ; elle était d'or, m'a-t-il dit, et d'un grand module.

Ces travaux ne suffisaient pas à l'activité de Parmentier ; les eaux minérales et leurs propriétés curatives fournirent une nouvelle matière à ses investigations ; on peut à cet égard consulter la liste de ses ouvrages. En 1781, parut un volume in-octavo intitulé : Recherches sur les végétaux nourrissants qui, dans les temps de disette, peuvent remplacer les aliments ordinaires, avec de nouvelles observations sur la culture des pommes de terre. C'est le développement des idées émises dans le Mémoire qu'il avait envoyé, en 1771, à l'Académie de Besançon. L'année suivante il donna un autre Mémoire sur les champignons, et en 1783 il publia, de concert avec Cadet de Vaux, le résultat des moyens qu'ils avaient employés à Dunkerque afin d'opérer, sans danger pour la salubrité publique, l'exhumation des cadavres amoncelés dans l'église de Saint-Éloy.

Margraff, le plus illustre chimiste de l'Allemagne, étant mort en 1782, d'Alembert sollicita Parmentier d'accepter auprès du grand Frédéric la place que cette mort laissait vacante ; il résista à cette proposition flatteuse, et préféra une place modeste dans son pays à la fortune et aux honneurs que l'étranger lui promettait. Il composa sur l'usage du maïs, dans le midi de la France, un Mémoire qui obtint le prix proposé en 1784 par l'Académie de Bordeaux. Faisant toujours marcher de front la pratique et la théorie, il procéda pour le maïs comme il avait fait pour la pomme de terre, et se livra sur cette plante à une suite d'essais ; le Mémoire de Parmentier, réimprimé en 1812 aux frais du gouvernement, contribua à perfectionner la culture du maïs, et à substituer son emploi à celui du sarrasin. François (de Neufchâteau) publia, en 1817, un supplément à ce Mémoire, et le fit précéder d'une pièce de vers en l'honneur de l'auteur. La patate, le topinambour, furent successivement l'objet de ses études. En 1786 parut son grand Mémoire sur les avantages que la province du Languedoc peut retirer de ses grains. Nous passons sous silence une foule d'autres traités dont nous donnerons l'indication à la suite de cet exposé de sa vie et de ses travaux.

Grâce à la persévérance de Parmentier, la culture de la pomme de terre se propagea : le gouvernement lui accorda, en 1787, cinquante-quatre arpents dans la plaine des Sablons, que l'on regardait comme totalement stériles ; il les ensemença en pommes de terre, et les Parisiens furent étonnés de voir une végétation brillante couvrir cette terre inculte. Pendant le jour, Parmentier faisait garder avec soin le champ par des soldats, mais, durant la nuit, il laissait à dessein enlever la plante ; ceux qui en dérobaient y attachaient de l'importance, la cultivaient avec soin, et entraient sans le savoir dans les vues de Parmentier. Lorsque la fleur fut épanouie, il en présenta un bouquet à Louis XVI, qui le mit à sa boutonnière un jour de fête : les courtisans s'empressèrent de suivre l'exemple du roi, et dès lors le succès de la pomme de terre fut assuré ; mais, afin d'irriter davantage le désir de ceux qui voulaient en avoir et les obliger à en prendre soin, il n'en donnait que de très-faibles quantités.

Le 19 juin 1787, il lut à la Société d'agriculture son Mémoire impatiemment attendu sur la culture de la pomme de terre dans la plaine des Sablons et de Grenelle ; bientôt cette plante fut répandue dans une grande partie du royaume, elle parut sur toutes les tables, et la France dut à un seul homme d'être préservée des horreurs de la famine.

Une grêle horrible ayant, le 13 juillet 1788, ravagé la ville de Montdidier et ses environs, ce fléau excita la compassion de notre compatriote, qui vint encore cette fois au secours des cultivateurs, comme il l'avait fait en 1775, et fit imprimer sur le moyen de tirer parti des récoltes endommagées une brochure intitulée : Avis aux cultivateurs dont la récolte a été endommagée par la grêle. Les recherches de Parmentier sur la pomme de terre sont insérées dans son Traité sur la culture et les usages de la pomme de terre, de la patate et du topinambour, imprimé par ordre du roi en 1789. On trouve dans ce livre les méthodes et les procédés dont on a parlé de nos jours comme de modernes découvertes ; on s'est bien gardé d'en faire connaître le véritable auteur : c'est une souveraine injustice.

François (de Neufchâteau) avait proposé de remplacer la désignation impropre, de pomme de terre par celle de solanée Parmentière ; cette dénomination, favorablement accueillie par les savants et les agronomes, ne put triompher de la routine. Lors de la mort de Parmentier, la France récoltait environ cinquante millions d'hectolitres de pommes de terre, c'était le résultat d'une volonté énergique qu'aucune difficulté ne pouvait arrêter : « Il possédait éminemment, » dit Virey, « le tact exquis du vrai, le profond sentiment du bon, avec cette persévérance infatigable qui, lui faisant envisager son sujet sous toutes les faces, l'animait à sa poursuite. Sans se rebuter par les obstacles, son ardeur redoublait lorsqu'elle entrevoyait dans son but une utilité essentielle. D'autres hommes, sans doute, ont pu connaître aussi bien que lui les substances alimentaires ; d'autres ont reculé plus loin les limites des sciences, ont fait de plus brillantes découvertes, mais leurs travaux, semblables à ces plantes rares et stériles, sont, avouons-le, plus propres à piquer une, vaine curiosité qu'à concourir au bonheur de l'espèce humaine. Combien ceux de Parmentier sont autres ! il n'en est pas un qui ne soit empreint du cachet du bien public.

Parmentier aima mieux être meilleur que de se faire admirer par plus de profondeur ou d'érudition sans avantage réel. Il ne prit que l'essentiel du vrai savoir ; il avait surtout le talent de l'approprier aux objets du plus haut intérêt ; il le discernait merveilleusement et en faisait des applications aussi neuves que fécondes. C'est qu'il était dirigé par un guide sûr, par l'instinct du bien.

Un simple particulier qui, de ses propres efforts, parvient à écarter la disette d'une grande nation, ne résout-il pas un problème plus difficile et bien plus important que celui des mathématiques les plus transcendantes ? Quel homme sensé ne fera pas la différence ? Ceux qui connaissent l'obstination à la routine, les préjugés de l'ignorance populaire, la malignité même de l'envie dont il faut triompher, peuvent dire ce qu'il en coûte d'habileté, de zèle, d'activité et de talents pour réussir. »

De 1788 à 1797, Parmentier édita son Économie rurale et domestique, dans laquelle il trace d'une manière charmante les soins qui doivent occuper la maîtresse de maison à la campagne. En 1790, la Société royale de médecine ayant proposé aux recherches des savants l'examen et l'analyse chimique du lait, Parmentier, de concert avec Deyeux, remporta le prix ; l'année suivante, ils l'obtinrent encore pour leur Mémoire sur l'Analyse du sang, mise au concours par la même Société. D'autres Mémoires sur les semailles, les engrais, les patates, occupaient également tous les instants de notre laborieux concitoyen ; il ne se passait pas d'année sans qu'il fît paraître quelque utile publication ; et ce n'est qu'en parcourant la nomenclature de ses ouvrages qu'on peut se faire une idée de l'immensité de ses travaux.

La Révolution arracha Parmentier à ses études ; il perdit sa place de pharmacien en chef, sa pension et son logement aux Invalides ; on poussa l'ingratitude jusqu'à lui reprocher d'avoir amélioré les moyens de subsistance du peuple. Son nom fut un jour prononcé dans une assemblée électorale : Ah ! ne le nommons pas, cet aristocrate, dit une voix grossière ; il ne nous ferait manger que des pommes de terre, c'est lui qui les a inventées. Il aurait peut-être porté sa tête sur l'échafaud, comme l'illustre Lavoisier, son ami, si, pour le soustraire à la haine des démagogues, on ne l'eût envoyé dans le midi de la France, rassembler les médicaments nécessaires pour le besoin des pharmacies militaires.

Les services immenses rendus à l'humanité par Parmentier trouvèrent un généreux interprète, même à une époque où il suffisait souvent d'avoir fait le bien pour être condamné à mort. Le 27 juin 1793, Silvestre fit au Lycée des arts un Rapport sur les travaux de son collaborateur, et, sur ses conclusions, la couronne et la médaille lui furent décernées dans la séance du 7 juillet suivant. Les membres du conseil général de la Nièvre et ceux de la commune de Nevers, désirant que Parmentier se fixât dans leur département pour y vivifier le sol, et tirer son agriculture de la routine barbare, lui firent offrir, le 19 novembre 1793, une somme de 3,000 livres pour ses frais de voyage et le transport de ses meubles de Paris à Nevers. Le conseil général du département arrêta en outre qu'il lui serait donné à son arrivée une propriété nationale à son choix, en usufruit, sur les bords de la Loire, le plus près possible de Nevers, et qu'il lui serait donné également à vie une maison à Nevers pour y tenir des cours l'hiver, et que son cabinet lui serait payé suivant le prix qu'il en fixerait lui-même. Parmentier était sur le point d'accepter, mais le ministre de la guerre ne lui permit point de donner suite à ces offres avantageuses. Ceux qui l'avaient persécuté étaient obligés d'avoir recours à ses lumières. Le gouvernement l'envoya à Honfleur inspecter les ateliers de salaison ; il s'occupa en même temps des moyens de conserver les vivres à bord des bâtiments et de la meilleure préparation à donner au biscuit de mer.

En 1795, il était pharmacien militaire en chef, président du conseil de salubrité de Paris, membre de la commission de santé des armées, de la commission des subsistances et des approvisionnements, ainsi que de l'administration générale des hospices civils de la capitale. De toutes ces places une seule donnait droit à un traitement, mais dans toutes il y avait du bien à faire, et c'est ce qu'il recherchait. De concert avec Bayen, il publia, en 1795, son Formulaire pharmaceutique, réimprimé plusieurs fois en France et en Italie. Bayen étant mort en 1798, Parmentier écrivit l'Éloge historique de celui qui fut son premier protecteur et toujours son ami ; après la mort de Bayen, il resta seul inspecteur général des pharmacies militaires. Plusieurs années après, il fit paraître, avec de nouveaux développements, l'ouvrage qu'il avait composé avec Bayen ; mais cette fois il en rendit l'usage commun aux hôpitaux civils et militaires, et le livra au public en 1802, sous le titre de Code pharmaceutique à l'usage des hospices civils, etc. Ce livre eut un grand succès ; quatre éditions successives, rapidement épuisées, sont la meilleure preuve de son utilité.

Parmentier fut l'un des apôtres les plus ardents d'une découverte merveilleuse qui devait préserver l'homme d'un horrible fléau : c'est chez lui qu'ont été tentées les premières expériences de vaccination. Dans le Comité de bienfaisance dont il était membre, et à la Société philanthropique, il lut plusieurs rapports sur l'inoculation gratuite de la vaccine aux indigents ; il démontra que l'inoculation de la petite vérole, pratiquée uniquement sur les riches, établissait au préjudice des pauvres, qui ne pouvaient en jouir, un foyer de contagion toujours renaissant ; il demanda pour ces derniers l'établissement d'hospices d'inoculation dans chaque département et la rédaction d'une instruction courte et simple, qui pût éclairer le peuple sur les avantages de la nouvelle découverte, et l'engager à s'y soumettre.

Les soupes aux légumes dites à la Rumfort, le pain du soldat, l'eau considérée comme boisson des troupes, la salubrité des hôpitaux, furent de sa part l'objet de recherches constantes et de Mémoires intéressants. Le 22 frimaire an iv (13 décembre 1795), il fut nommé membre de l'Institut. Peu après le traité d'Amiens, la Société d'agriculture de Paris l'envoya à Londres avec Huzard, son collègue, pour renouer avec les savants de ce pays les relations interrompues par la Révolution. Il y fut reçu avec la plus grande distinction ; ses ouvrages étaient entre les mains de tous les hommes instruits, et un membre de la haute aristocratie se faisait un titre d'honneur d'en avoir donné une traduction en anglais. Parmentier, qui mettait à profit ses voyages, écrivit, au retour de celui qu'il venait de faire, un petit traité sur les clôtures, qu'il considère comme étant cause en partie du degré de perfection auquel l'agriculture est arrivée en Angleterre.

Le 15 décembre 1803, le premier consul le nomma inspecteur général du service de santé ; il en remplissait, en 1804, les fonctions à l'armée des côtes de l'Océan ; l'année suivante il fut chargé, en la même qualité, d'assurer les approvisionnements des hôpitaux de la grande armée.

Sa modestie égalait son savoir. Peu de temps après l'institution de la Légion d'honneur, Napoléon décida que dix croix seraient accordées aux services civils et militaires de la pharmacie. La liste des décorés est signée et rendue publique. L'étonnement fut général lorsqu'on vit que le nom de Parmentier n'y figurait pas ; il cessa quand on sut que c'était lui qui avait préparé la liste : une onzième décoration fut aussitôt accordée. Qu'il y a loin de ce désintéressement à l'ardeur effrénée avec laquelle on sollicite aujourd'hui la croix !

Les dernières années de la vie de Parmentier furent aussi bien remplies que les premières : son activité se tourna vers un autre but. Le blocus continental avait rendu le sucre excessivement cher. Cette denrée, indispensable dans la pharmacie et dans les besoins ordinaires de la vie, se vendait 6 francs le demi-kilogramme. Parmentier dirigea ses regards observateurs vers la vigne, et sa pensée pénétrante lui lit promptement aperçevoir que cette plante renfermait les éléments nécessaires, sinon pour remplacer, au moins pour rendre supportable le manque presque complet de sucre. Il s'appliqua exclusivement à la culture de la vigne et au moyen d'en utiliser les produits ; le vin, le vinaigre et le sirop de raisin furent soumis par lui à de curieuses expériences ; de 1808 à 1813, il publia différents ouvrages sur les sirops et conserves de raisin destinés à remplacer le sucre. La matière sucrante qu'il obtenait du raisin était livrée au commerce à 1 fr. 27 cent. le kilogr. ; les hôpitaux militaires en consommaient près de 54,000 kilogrammes. La paix et la culture de la betterave ont rendu inutiles les travaux de notre compatriote.

Parmentier avait, dans un âge avancé, conservé l'ardeur de la jeunesse ; il apporta à propager le sirop de raisin le même zèle qu'il avait mis à vulgariser la culture de la pomme de terre : expériences, voyages, sollicitations, démarches, rien ne l'arrêtait, et jusqu'à son dernier moment il ne cessa de s'occuper de ce qui pouvait être utile à l'humanité ; l'année même de sa mort, il donna un ouvrage intitulé : Nouvel aperçu des résultats obtenus de la fabrication des sirops et conserves de raisin dans le cours de l'année 1812. Parmentier avait trente-cinq ans lorsque parut son premier ouvrage, il écrivait encore à soixante-seize ans ; son zèle ne se ralentit jamais, et pendant sa longue carrière ses travaux furent constamment tournés vers le bien de ses semblables ; atteint d'une phthisie pulmonaire, il mourut à Paris, le 17 décembre 1813, âgé de soixante-seize ans et cinq mois.

Parmentier était officier de la Légion d'honneur, membre de l'Institut, classe des sciences physiques et mathématiques, inspecteur général du service de santé militaire, premier pharmacien des armées, membre du conseil général des hospices de Paris, président du conseil de salubrité. Presque toutes les sociétés savantes de Paris et des départements avaient tenu à honneur de l'admettre dans leur sein : L'étranger n'avait pas montré moins d'empressement, et les académies d'Alexandrie, de Berne, de Bruxelles, de Florence, de Genève, de Lausanne, de Madrid, de Milan, de Naples, de Turin et de Vienne, le comptaient avec orgueil parmi leurs membres les plus illustres. J'ai recueilli précieusement jusqu'à quarante-huit diplômes qui lui furent décernés, et cependant j'ai la certitude qu'il en manque encore quelques-uns à cette collection, qu'à bon droit je peux proclamer unique.

L'état des services militaires de Parmentier n'ayant jamais été donné d'une manière exacte, nous croyons devoir compléter cette notice par la copie du brevet suivant, dont nous devons la communication à sa famille :

LIBERTÉ

ÉGALITÉ

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.

Brevet de pharmacien des armées, membre du conseil de santé.

Détails de service.

Campagnes.

Pour le citoyen Antoine-Augustin Parmentier, né le 14 août 1737, élève en pharmacie en mars 1757, sous-aide en 1758. Aide-major en juin 1760 jusqu'à la paix, en 1763. Chirurgien aide-major de l'hôtel des Invalides, depuis le 1er octobre 1766 jusqu'au 1er octobre 1772. Apothicaire-major au même hôtel jusqu'au 1er octobre 1773. Apothicaire-major des hôpitaux de la division du Havre et de Bretagne, le 6 juin 1779 jusqu'en mai 1781.

Apothicaire-major de l'armée de Genève, en 1782.

Adjoint des armées depuis 1782 jusqu'en 1792, qu'il a été membre du conseil de santé jusqu'à sa suppression, le 1er germinal an iv.

A cette époque, nommé inspecteur général du service de santé des armées de terre jusqu'au 4 germinal an viii, qu'il a été nommé membre du conseil de santé.

A fait en Allemagne les campagnes de 1757, 58, 59, 60, 61, 62 et 1763.

Dans les ci-devant provinces de Normandie et Bretagne, les campagnes de 1779, 1780 et 1781.

Celle de Genève, en 1782.

Celle de Saint-Omer, en 1788.

Et toutes celles de la présente guerre.

Bonaparte, premier consul de la république, prenant une entière confiance dans la capacité et bonne conduite du citoyen Antoine-Augustin Parmentier, l'a nommé à l'emploi de premier pharmacien des armées, membre du conseil de santé, pour en remplir les fonctions sous les ordres immédiats du ministre de la guerre.

Mande et ordonne aux commissaires ordonnateurs et commissaires des guerres, aux officiers de santé et à tous qu'il appartiendra de le reconnaître et faire reconnaître en ladite qualité.

Donné à Paris, le quatrième jour complémentaire de l'an viii de la république.

Le ministre de la guerre,

Carnot.

Bonaparte.

Pour le premier consul,
     le secrétaire d'Etat,

Hugues B. Maret.

L'administration de Parmentier était toute paternelle ; les conseils qu'il donne aux pharmaciens placés sous ses ordres sont empreints d'une sagesse et d'une bienveillance extrêmes : « Mes amis, » leur disait-il, « la pharmacie exige, plus qu'aucune autre profession, de la gravité dans les mœurs, de la sagesse dans la conduite, une grande docilité aux conseils de l'expérience, l'amour de l'ordre et de la vie sédentaire, une sévérité de principes et une inflexible probité. Soyez honnêtes hommes ; la seule vertu rend heureux et porte à vouloir que les autres le deviennent ; tâchez d'obtenir par votre franchise, votre probité et votre science, une considération personnelle, indépendante de votre titre, en même temps que vous déterminez, par votre équité et votre douceur, vos subordonnés à vous aimer et à vous respecter. »

Parmentier s'est peint, sans le vouloir, dans le passage que nous venons de citer ; il était le premier à mettre en pratique les conseils qu'il donnait aux autres, instruisant autant par son exemple que par ses préceptes. Voici le portrait que Virey nous a tracé de sa personne : « Sa tête vénérable, ornée depuis longtemps de cheveux blancs, et qui retraçait quelque image de celle du bon la Fontaine, imposait le respect (le neveu de Parmentier m'a assuré que son oncle avait des cheveux blancs à trente ans). Facile, communiquant, simple, affable à tous et sans faste, il avait une manière particulière de rendre service. D'abord il désespérait le solliciteur (onl'avait surnommé le Bourru bienfaisant) ; témoignant par un chagrin amer sa crainte de ne pouvoir pas réussir, il ne voulait rien promettre ; on s'en allait désolé ; le bon Parmentier prenait aussitôt l'affaire à cœur, il obsédait les ministres, les grands, obtenait souvent, et, plein de joie, mais grondant encore, il apportait lui-même le brevet, la décision favorable qu'on avait demandée. On se croyait très-reconnaissant envers lui ; point du tout, c'était lui-même qui s'attachait par ses bienfaits, et jamais personne plus que lui n'aima ceux qu'il avait obligés. Sa table, toujours ouverte, même aux étrangers, était encore une sorte de bureau de bienfaisance. Très-libéral, quoique peu riche, il donnait beaucoup. Par son testament, il a fondé un prix et laissé à ses amis des gages de son tendre souvenir ; son caractère était sensible, quelquefois brusque ; mais personne ne lui a connu de fiel ; il a loué jusqu'à ses ennemis, et, ce qui est particulier à lui seul, tous ceux qui concouraient au même but d'utilité générale. Il animait de son ardeur les Sociétés d'agriculture, de pharmacie ; il accueillait, il vivifiait tout. S'agissait-il de bien faire ? il prenait feu ; plus d'une fois on l'a vu s'enflammer d'indignation par pur zèle de générosité. Négligeant sa fortune, il parcourut divers cantons de la France pour y établir de bonnes méthodes de culture, pour y distribuer à ses frais des semences potagères, et pour y visiter les hôpitaux. »

Parmentier était d'une taille élevée ; il avait le teint vif et coloré, le front haut, fuyant un peu en arrière, le nez fort et aquilin, la bouche souriante ; la lèvre inférieure avançait légèrement ; son tempérament était nerveux et sanguin ; il avait peu d'embonpoint, et, jusqu'au moment où il fut atteint de la phthisie à laquelle il succomba, il n'avait éprouvé d'autre incommodité qu'un asthme.

Le portrait de Parmentier, peint par Dumont, le représente de grandeur naturelle, en costume d'académicien, assis, dans son cabinet, devant une table chargée de papiers ; de la main droite il tient une plume, et de la gauche des épis de blé, du maïs, des fleurs, etc. La fenêtre est ouverte et laisse apercevoir la campagne, des instruments de culture et les plantes qui ont fait l'objet des études de notre compatriote. Ce portrait est fort beau et très-ressemblant. La figure de Parmentier est ouverte, expressive, pleine de bonté ; son neveu, ne retrouvant pas dans la statue de bronze, suivant lui trop sévère, cette vie, cette ressemblance que le coloris seul peut imprimer sur la toile, me disait avec une naïveté charmante, en hochant tristement la tête : Le sculpteur a fait de mon oncle un penseur, et il ne l'était pas.

Il n'existe plus à Montdidier un seul membre de la famille Parmentier ; notre concitoyen ne s'était jamais marié ; plusieurs de ses neveux ou petits-neveux portant le même nom habitent la capitale.

Le portrait de Parmentier a été reproduit bien des fois ; la gravure et la lithographie s'en sont emparées, mais il y a beaucoup de choix à faire ; le plus ressemblant est celui qu'a donné Dutillois, d'après le tableau de Dumont : il serait à souhaiter que ce tableau fût gravé en entier. M. Malknecht l'avait sous les yeux lorsqu'il moula sa statue. Le portrait au physionotrace, par Quenedey, est assez curieux.

Un buste très-ressemblant est celui qui a été fait, du vivant de Parmentier, par Coasnon ; le plâtre original avait été déposé au Louvre en 1814 ; je ne sais s'il y est encore : il en a été tiré plusieurs épreuves. Le gouvernement de Juillet, voulant encourager les arts, fit commencer une collection de médailles destinées à populariser les traits des savants qui ont honoré la France : Parmentier ne pouvait être oublié. L'exécution de sa médaille fut confiée à M. Dubois. Au mois de janvier 1843, elle fut frappée à la Monnaie de Paris : son diamètre est de 0m,5. La tête est remarquable, et fait le plus grand honneur à l'artiste. Peu de temps après avoir terminé ce bel ouvrage, M. Dubois, jeune encore, se trouvait atteint d'une cécité complète, et son avenir était perdu : j'éprouvais, en le voyant, un sentiment de tristesse indicible. Le revers de la médaille est de M. Cannois ; il représente une femme assise, souffrante, tenant un enflant nu sur les genoux ; l'Agriculture, personnifiée par une femme couronnée d'épis, et couverte de larges draperies, vient à son secours, lui prend le bras, et lui montre, pour l'encourager, une charrue et les fruits de la terre. Cette composition est bien entendue et parfaitement exécutée.

En 1849, le conseil municipal de la Seine décida que la statue de Parmentier ornerait la façade de l'hôtel de ville : c'était faire acte de justice envers l'homme qui avait rendu de si grands services à la capitale. M. Calmets, statuaire, fut chargé du travail ; mais l'influence de M. Arago contraria ce projet, et fit substituer la statue de Papin à celle de Parmentier. Sans contester les titres de gloire de Papin, nous pouvons dire que sa découverte, consignée pendant un siècle dans un livre connu seulement de quelques savants, resta longtemps comme non avenue. Si Papin découvrit la vapeur, il n'en sut point tirer parti. La science que l'on possède ne sert à rien si l'on n'en fait profiter les autres. Parmentier, au contraire, fut l'homme pratique par excellence ; l'application des théories scientifiques aux besoins ordinaires de la vie a été le but constant de ses efforts ; sa statue aurait été très-convenablement placée sur la façade de l'hôtel de ville qui regarde la Seine, dont il avait pris la défense contre d'injustes détracteurs.

Parmentier demeurait à Paris, rue des Amandiers-Popincourt, 12 ; le conseil municipal, voulant perpétuer sa mémoire, donna à cette rue le nom de rue Parmentier : le boulevard qui l'avoisine porte le même nom. Cet exemple a été suivi à Montdidier. Une délibération du conseil municipal, du 9 mai 1826, transforma la rue de la Mercerie, où il était né, en rue Parmentier. La maison où il reçut le jour est la troisième à main gauche, en descendant, après l'église du Saint-Sépulcre. Par testament, il laissa 600 fr. aux pauvres de cette église.

Parmentier est enterré au Père-la-Chaise ; la ville de Paris a concédé gratuitement le terrain où il repose. Le monument qui abrite sa dépouille mortelle a été élevé aux frais des pharmaciens militaires ; il est de pierre, et a la forme d'un parallélogramme. L'une des faces représente une charrue placée entre une touffe de froment et un pied de maïs ; sur l'autre on voit un appareil distillatoire et un panier rempli de pommes de terre ; au-dessus serpente un cep de vigne. Aux quatre angles du monument se détachent des colonnes doriques qui soutiennent un entablement décoré d'urnes cinéraires et de lampes sépulcrales. Sur l'une des faces de l'entablement est enchâssé un médaillon de bronze de Parmentier, de 0m, 18 de diamètre ; il y est représenté en costume d'académicien, demi-buste ; les détails sont très-soignés, et le modelé de la tête parfait. D'un côté du tombeau on lit :

ICI REPOSE
ANTOINE AUGUSTIN PARMENTIER,
PHARMACIEN
MEMBRE DE L'INSTITUT DE FRANCE
DU CONSEIL GÉNÉRAL
DES HOSPICES CIVILS DE PARIS
UN DES INSPECTEURS GÉNÉRAUX
DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
NÉ A MONTDIDIER EN 1737
MORT A PARIS 1813.

Et de l'autre côté :

MONUMENT ÉLEVÉ A LA MÉMOIRE D'ANTOINE
AUGUSTIN PARMENTIER PAR LES PHARMACIENS
CIVILS ET MILITAIRES DE FRANCE, SES ÉLÈVES,
SES AMIS, SES COLLÈGUES.

Ce monument, dû au ciseau de M. Perrier Delatour, et lithographié par Jolimont, paraît bien modeste auprès des superbes mausolées qui l'avoisinent : il est simple et sans faste comme celui qu'il recouvre. Entre la grille et le tombeau se trouve un petit espace entretenu avec soin ; des pommes de terre et des ceps de vigne y croissent et rappellent les services rendus à l'humanité par l'un des plus grands philanthropes des temps modernes.

L'inauguration eut lieu le 2 août 1816, fête de saint Augustin, patron de Parmentier ; ce jour-là ses amis s'étaient réunis en grand nombre pour rendre un dernier hommage à sa mémoire. Fauchet, Bourriat, Cadet de Gassicourt, Boudet, Virey, Thouin, Silvestre, prirent successivement la parole, et rappelèrent brièvement les vertus et les talents de celui qui avait été leur maître et leur ami. Au reste, ils n'avaient point attendu cette occasion pour lui payer le tribut de leur reconnaissance et de leur admiration.

Peu d'hommes ont été loués autant et méritaient autant de l'être que Parmentier. En 1793, Silvestre avait lu au Lycée des arts un Rapport sur ses travaux ; au mois de janvier 18144, Virey publia sur la vie et les ouvrages de Parmentier une Notice pleine d'intérêt ; le 16 mai de la même année, Cadet de Gassicourt prononça son Éloge à la Société de pharmacie de Paris ; le 21 du même mois, Hazard remplissait ce pieux devoir à la Société philanthropique. L'année suivante, le célèbre Cuvier fit entendre, à la séance publique de l'Institut du 15 janvier 1815, l'Éloge de notre concitoyen, et le 9 août de cette même année, Silvestre, qui avait fait, en 1793, le Rapport dont nous avons parlé, donna encore lecture à la Société d'agriculture d'une Notice biographique sur Parmentier.

Nous avons consulté ces différents Mémoires pour composer cet essai biographique. On ne saurait, suivant nous, puiser à une source plus authentique ; c'est à ces écrits composés par des hommes du premier mérite, par des collègues, des contemporains de Parmentier, qu'ont eu recours également tous ceux qui ont traité le même sujet. Il n'est pas de bon Montdidérien qui ne doive les avoir dans sa bibliothèque.

L'académie d'Amiens mit au concours de 1818 l'éloge de Parmentier ; deux Mémoires seulement furent envoyés. L'académie ne jugea pas à propos de décerner le prix, et prorogea le concours jusqu'en 1819 ; cinq concurrents, cette fois, entrèrent en liste : le premier prix fut décerné à Antoine Miguel, docteur en médecine de la faculté de Montpellier ; le second à Grognier, professeur à l'école vétérinaire de Lyon. L'éloge de Miquel a été imprimé en 1822, et celui de Grognier en 1823. Grognier était un des concurrents de 1818 : son premier travail n'avait pas été jugé digne du prix ; on l'avait trouvé trop long et écrit dans un style qui ne convenait pas à l'éloge. L'auteur retoucha son œuvre et voulut faire disparaître les défauts que l'on avait signalés ; mais ces modifications ne furent point heureuses ; il est tombé dans la recherche et la prétention. Le premier travail de Grognier était bien supérieur, et cependant ce fut le second qui obtint le prix. Un tel jugement fait peu d'honneur à l'académie d'Amiens.

Une Vie fort étendue de Parmentier, par Mutel, parut à Paris en 1819. Mouchon, pharmacien à Lyon, a publié, en 1843, une Notice sur notre compatriote ; le Journal de l'Institut historique (septembre 1840), la Revue du progrès (juillet 1839), et une foule d'autres ouvrages périodiques consacrés aux sciences et aux arts ont rendu compte de la vie et des ouvrages de Parmentier. Toutes les biographies contiennent sur ce grand bienfaiteur de l'humanité des détails plus ou moins étendus.

M. Pierre Vinçard, dont le nom a retenti dans les clubs de 1848, a écrit sur Parmentier une Notice qui se trouve insérée en tête d'un petit-ouvrage intitulé : « Histoire de la pomme de terre, son origine, ses emplois culinaires et industriels, moyen de faire soi-même du pain à 7 centimes le demi-kilogramme, par P. Godard, in-12. Paris, 1847, chez l'auteur, rue Saint-Antoine, 47. Prix, un franc. » La notice de M. Vinçard n'apprend rien que nous ne sachions, et nous n'en parlerions pas si ce livre ne renfermait un abrégé curieux des différents usages auxquels s'applique la pomme de terre, et des métamorphoses incroyables qu'on lui fait subir. Ainsi on en fabrique indifféremment du pain , du café, du tabac, du vernis, du vin de Madère, du fromage, du vinaigre, de la bière, du vermicelle, de la potasse, etc., etc. ; elle sert à blanchir le linge, à faire de la peinture, du racahout des Arabes, et jusqu'à du fulmi-pomme de terre. En voyant la quantité prodigieuse de denrées fausses, frelatées et sophistiquées que l'on fabrique avec ce tubercule, le parti merveilleux que les industriels savent en tirer, sous combien d'apparences trompeuses il sert à nos besoins aux dépens de notre bourse et parfois de notre santé ; en présence de pareilles transformations, mon respect pour Parmentier, je l'avoue, a failli être ébranlé ; mais qu'y faire ? On abuse de tout, même des meilleures choses. Si Parmentier revenait sur terre, et que le livre dont nous venons de parler lui tombât entre les mains dans quelle colère n'entrerait-il pas en voyant la pomme de terre servir à fabriquer du Xérès, de l'Alicante et du Tokaï, lui qui ne pouvait contenir son indignation quand on mélangeait d'un peu trop d'eau le vin des Invalides !

Ce n'est qu'en parcourant la nomenclature des ouvrages de Parmentier qu'on peut se faire une idée de ses immenses travaux et de l'étendue de ses connaissances. Ils jouissaient d'une telle réputation que, de son vivant, les libraires ne se faisaient pas faute de mettre son nom en tête de livres qui n'étaient jamais sortis de sa plume, ou de faire faire des compilations de ses différents écrits, que l'on vendait ensuite au public comme des nouveautés ; il est bon de les signaler. En 1777 et années suivantes, parut un Recueil de Mémoires concernant la pomme de terre, par Martel, Parmentier et autres, 8 vol. in-12 ; en 1801, l'Art de faire des eaux-de-vie, d'après la doctrine de Chaptal, suivi de l'art de faire le vinaigre, par Parmentier ; en 1802, Traité théorique et pratique sur la culture des grains, suivi de l'art de faire le pain, par Parmentier, Rogier, Lasteyrie et Delalauze, 2 vol. in-8°. Cette compilation, qui n'est pas sans mérite, a eu deux éditions. Statistique générale et particulière de la France et de ses colonies, avec une nouvelle description topographique, physique, agricole de cet État, par Peuchet, Sonnini, Delalauze, Parmentier, Deyeux, etc. Herbin, 1803, 7 vol. in-8°. En 1805, Roard donna un abrégé de la méthode de faire le vin, les eaux-de-vie et le vinaigre, de Chaptal, Rosier, Parmentier et Dussieux, ouvrage que M. Quérard attribue à Parmentier.

Les ouvrages que nous venons de citer, s'ils ne sont pas entièrement de notre compatriote, empruntent du moins aux siens quelques-uns des articles qu'ils renferment : c'est un vol littéraire très-blâmable sans doute, mais c'est aussi un témoignage incontestable de la supériorité des talents de celui qui en est la victime. Les biographes ne se sont pas tenus toujours en garde contre ces fraudes ; la Bibliographie agronomique de Musset-Pathay, citée par tous ceux qui ont écrit sur Parmentier, contient plusieurs erreurs. La France littéraire, de M. Quérard, n'en est pas exempte non plus ; cet auteur attribue même à Parmentier un pamphlet dirigé contre sa propre personne, sous le titre de : Jugement impartial et serio-comi-critique d'an manant, cultivateur et bailli de son village, sur le pain de pomme de terre pur, de MM. Parmentier et Cadet ; et, par occasion, sur quelques autres points : avec un avant-propos de son greffier. Berne, et Paris, Vallat-la-Chapelle, in-8°, 1780.

Si des contemporains de Parmentier ont été induits en erreur sur ses véritables productions, on comprend l'embarras que nous devons éprouver pour donner une liste complète et exacte de ses innombrables travaux. J'ai apporté dans mes recherches le plus de soin qu'il m'a été possible ; j'ai vérifié le titre des ouvrages, ayant souvent le volume à la main, Malgré ces précautions, s'il m'est arrivé de me tromper, d'autres, plus heureux, rectifieront ce travail et lui donneront le degré de perfection dont il est susceptible.

Mémoire qui a remporté le prix de l'Académie de Besançon sur cette question : Indiquer les végétaux qui pourraient suppléer, en temps de disette, à ceux qu'on emploie communément à la nourriture des hommes, et quelle en devrait être la préparation. Paris, 1772, in-12.

Examen chimique des pommes de terre, dans lequel on traite des parties constituantes du froment et du riz. Paris, Didot, 1773, in-12.

Méthode facile pour conserver à peu de frais les grains et les farines. Paris, 1774, in-12.

Récréations physiques, chimiques et économiques de M. Model ; ouvrage traduit de l'allemand, avec des observations et des additions, par Parmentier, etc. Paris, Monory, 1774,2 vol. in-8°.

Autre édition, Paris, Nyon et Barrois, 1781, 2 vol. in-8°.

Ouvrage économique sur les pommes de terre, le froment, le riz, etc. Paris, Monory, 1774, in-12.

Analyse de la carie du froment, lue à la Société royale de médecine en 1776. Paris, in-4°

Expériences et réflexions relatives à l'analyse du bled et des farines. Paris, Monory, 1776, in-8°.

Avis aux bonnes ménagères des villes et des campagnes sur la meilleure manière de faire leur pain, par M. Parmentier. Paris, lmpr. royale, 1777, in-8°.

Autre édition, à Londres. Paris, Barrois, 1782, in-12, avec des changements.

Le parfait boulanger, ou Traité complet sur la fabrication et le commerce du pain, par M. Parmentier, pensionnaire de l'hôtel royal des Invalides, censeur royal, etc. Paris, Impr. royale, 1778, in-8°.

Observations sur les fosses d'aisances et moyens de prévenir les inconvénients de leur vuidange, par Laborie, Cadet et Parmentier. Imprimé par ordre et aux frais du gouvernement. Paris, Pierres, 1778, in-8°.

Manière de faire le pain de pommes de terre sans mélange de farine, par M. Parmentier, pensionnaire de l'hôtel des Invalides, censeur royal, etc. Paris, Impr. royale, 1779, in-8°.

Traité de la châtaigne. Bastia, et se trouve à Paris, chez Momory, 1780, in-8°.

Mémoire sur les difficultés à vaincre dans l'analyse des eaux minérales. Paris, 1780.

Discours prononces à l'ouverture de l'École gratuite de boulangerie, le 8 juin 1780, par MM. Parmentier et Cadet de Vaux, professeurs de cette école. Paris, Pierres, 1780, in-8°.

Recherches sur les végétaux nourrissans, qui, dans les temps de disette, peuvent remplacer les alimens ordinaires, avec de nouvelles observations sur la culture des pommes de terre ; par M. Parmentier, censeur royal, etc. Paris, Impr. royale, 1781, in-8°, planche.

Les Pommes de terre considérées relativement à la santé et à l'économie, ouvrage dans lequel on traite aussi du froment et du riz. Paris, Nyon et Barrois, 1781, in-12.

Remarques sur l'usage et les effets des champignons. Paris, 1782.

Recueil de pièces concernant les exhumations faites dans l'église de Saint-Éloy de la ville de Dunkerque, imprimé et publié par ordre du gouvernement. Paris, Impr. de Monsieur, 1783, in-8°.

Moyen proposé pour perfectionner promptement dans le royaume la meunerie et la boulangerie, lu au comité de la boulangerie, le 24 janvier 1783, par M. Parmentier, censeur royal. Paris, Barrois, 1783, in-12.

Méthode facile de conserver à peu de frais les grains et les farines, par M. Parmentier, censeur royal. Londres, Paris, Barrois, 1784, in-12.

Mémoire sur cette question : Quel serait le meilleur procédé pour conserver le plus longtemps possible le maïs ou blé de 'Turquie, augmenté de tout ce qui regarde l'histoire naturelle et la culture. Bordeaux, Ballandre l'aîné, 1784, in-4°.

Instruction sur les moyens de suppléer à la disette des fourrages et d'augmenter la subsistance des bestiaux. Paris, 1785, in-8°.

Chimie hydraulique de la Garaye, nouvelle édition avec notes, par Parmentier. Paris, 1785, in-12.

Mémoire sur les avantages du commerce des farines substitué à celui des grains. Paris, 1785, in-8°.

Mémoire sur les blés du Poitou. Paris, 1785, in-8°.

Ce mémoire fut publié en commun avec Cadet de Vaux.

Mémoire sur le moyen d'augmenter la valeur réelle des blés mouchetés dans le commerce et d'en faire du pain de bonne qualité, présenté à la Société royale d'agriculture le 11 août 1785. Mémoires d'agriculture publiés par la Société royale d'agriculture de Paris, année 1785. Paris, Buisson, in-8°.

Mémoire sur le chaulage, considéré comme préservatif de plusieurs maladies du froment, lu à la Société royale d'agriculture le 28 juillet 1785. Mémoires d'agriculture publiés par la Société royale d'agriculture de Paris, année 1785. Paris, Buisson, in-8°.

Mémoire sur la manière de cultiver et d'employer le maïs comme fourrage, présenté à la Société royale d'agriculture le 30 juin 1785. Mémoires d'agriculture publiés par la Société royale d'agriculture de Paris, année 1785. Paris, Buisson, in-8°.

Mémoire sur les avantages que la province du Languedoc peut retirer de ses grains, considérés sous leurs différents rapports avec l'agriculture, le commerce, la meunerie et la boulangerie, avec figures, par M. Parmentier. Paris, Didot, 1786, in-4°.

Dissertation sur la nature des eaux de la Seine, avec quelques observations relatives aux propriétés physiques et économiques de l'eau en général, par M. Parmentier. Paris, Buisson, 1787, in-8°.

Vues générales sur les principales eaux minérales de France. Paris, 1787, in-8°.

Mémoire sur la culture des pommes de terre aux plaines des Sablons et de Grenelle. Paris, 1787, in-8°.

Instruction sur la conservation et les usages de la pomme de terre. Paris, Impr. royale, 1787, in-8°.

Avis aux habitants des villes et des campagnes de la province de Languedoc sur la manière de traiter leurs grains et d'en faire du pain, imprimé et publié par ordre des états généraux du Languedoc. Paris, Didot, 1787, in-4°.

C'est un extrait de son grand mémoire sur le Languedoc.

Avis aux cultivateurs dont les récoltes ont été ravagées par la grêle du 13 juillet 1788. Paris, Impr. royale, 1788, in-8°.

Mémoire sur les avantages qui résulteraient pour la multiplication des animaux domestiques d'étendre la culture en grand des racines potagères ; lu à la séance publique de la Société royale d'agriculture le 28 novembre 1788.

Moyens pour perfectionner en France la meunerie et la boulangerie. Paris, 1789, in-12.

Cadet de Vaux fut son collaborateur.

Traité sur la culture et les usages des pommes de terre, de la patate et du topinambour, publié et imprimé par ordre du roi. Paris, Barrois, 1789, in-8°.

Mémoire sur les avantages que le royaume peut retirer de ses grains, considérés sous leurs différents rapports avec l'agriculture, le commerce, la meunerie et la boulangerie, avec le Mémoire sur la nouvelle manière de construire les moulins à farine, qui a remporté le prix de l'Académie royale des sciences en 1785, par M. Dransy, ingénieur du roi ; avec figures gravées d'après ses dessins. On y a joint un manuel sur la manière de traiter les grains et d'en faire du pain, par M. Parmentier. Paris, Barrois, 1789, in-4°.

Cet ouvrage est, sous un titre différent, la reproduction exacte et sans aucun changement du mémoire qu'il avait publié en 1786 sur la province du Languedoc.

Économie rurale et domestique. Paris, 8 vol. in-18.

Cet ouvrage fait partie de la Bibliothèque des Dames.

Mémoire qui a remporté le premier prix, le 23 février 1790, sur la question suivante, proposée par la Société royale de médecine : Déterminer, par l'examen comparé des propriétés physiques et chimiques, la nature des laits de femme, de vache, de chèvre, d'ânesse, de brebis et de jument, par MM. Parmentier et Deyeux. Extrait des recueils de la Société royale de médecine, in-4°.

Mémoire sur le sang, dans lequel on répond à cette question : Déterminer, d'après des découvertes modernes chimiques et par des expériences exactes, quelle est la nature des altérations que le sang éprouve dans les maladies inflammatoires, dans les maladies fébriles, putrides et le scorbut. Paris, 1797, in-4°.

Deyeux eut part également à la publication de ce mémoire.

Mémoire sur la nature et la manière d'agir des engrais. Paris, 1791, in-8°.

Analyse de la patate, lue à l'Académie des sciences de Toulouse, 1792.

Résumé du Traité de la culture et de l'usage des patates, par le citoyen Parmentier, imprimé par ordre du département de Maine-et-Loire. Angers, Marne, 1793, in-8°.

Formulaire pharmaceutique à l'usage des hôpitaux militaires de la France, rédigé par le conseil de santé des armées, in-8°.

Il y en a eu trois éditions.

Mémoire sur les salaisons. Paris, 1793, in-8°.

Avis sur la culture et les usages de la pomme de terre. Paris, 1795, in-8°.

Avis sur la préparation et la forme à donner au biscuit de mer. Paris, 1795, in-8°.

Éloge de Pierre Bayen, in-8°, s. d. l. n. d'imprimeur.

Extrait de l'instruction adressée aux pharmaciens par le conseil de santé sur la manière de recueillir et de conserver les cantharides (fructidor an vii). Paris, Quibert-Palisseaux, in-8°.

Précis d'expériences et observations sur les différentes espèces de lait, considérées dans leurs rapports avec la chimie, la médecine et l'économie rurale ; par Parmentier et Deyeux. Strasbourg, Levrault ; Paris, Barrois, an vii, in-8°.

C'est la reproduction plus étendue du mémoire in-quarto couronné en 1790.

Rapport au ministre de l'intérieur par le comité général de bienfaisance, sur la substitution de l'orge mondé au riz, avec des observations sur les soupes aux légumes ; adopté dans sa séance du 5 brumaire an ix de la république française. Paris, Imprimerie de la république, an ix, in-8°.

Rapport au ministre de l'intérieur, par le comité général de bienfaisance, sur les soupes de légumes dites à la Rumford ; publié par ordre du ministre, lu au comité de bienfaisance le 25 floréal an viii de la république. Paris, Marchand, 1801, in-8°.

Rapport sur le pain des troupes. Paris, 1800, in-8°.

Rapport au ministre de l'intérieur sur l'inoculation gratuite de la vaccine aux indigents. Paris, 1800.

Instruction sur les moyens d'entretenir la salubrité et de purifier l'air dans les salles des hôpitaux militaires. Paris, in-8°.

Mémoire sur les clôtures. Paris, in-4°.

Vues générales sur la méthode de gouverner les vins en tonneaux et en bouteilles. Paris, Colas, in-8°.

Vues générales de l'eau considérée comme boisson des troupes. Paris, in-8°.

Code pharmaceutique à l'usage des hospices civils, des secours à domicile et des infirmeries des maisons d'arrêt, publié par ordre du ministre de l'intérieur. Paris, Méquignon l'aîné, 1807, troisième édition, in-8°.

Instruction sur la culture, la conservation, les usages et les avantages de la pomme de terre, extraite des tomes IV et V de la Feuille du Cultivateur, in-4°. Paris, Marchand, 1807, in-12.

Instruction sur les moyens de suppléer le sucre dans les principaux usages qu'on en fait pour la médecine et l'économie domestique, par Parmentier. Paris, Méquignon aîné, 1818, in-8° ; deuxième édition, 1809.

Traité sur l'art de fabriquer les sirops et les conserves de raisins, destinés à suppléer le sucre des colonies dans les principaux usages de l'économie domestique ; troisième édition. Paris, Impr. impériale, 1810, in-8°.

Aperçu des résultats obtenus de la fabrication des sirops et des conserves de raisins dans le cours des années 1810 et 1811, pour servir de suite au Traité publié sur cette matière, avec une notice historique et chronologique du corps sucrant. Paris, Impr. impériale, 1812, in-8°.

Le maïs ou blé de Turquie apprécié sous tous ses rapports, mémoire couronné le 25 août 1784 par l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux ; nouvelle édition, revue et corrigée. Paris, Impr. impériale, 1812.

Instruction pratique sur la comparaison, la préparation et l'emploi des soupes aux légumes dites à la Rumfort. Paris, Méquignon l'aîné, 1812, in-8°.

Nouvel aperçu des résultats obtenus de la fabrication de sirops et conserves de raisins dans le cours de l'année 1812, avec des réflexions générales concernant les sirops et les sucres extraits des autres végétaux indigènes. Paris, Impr. impériale, 1813, in-8°.

Indépendamment des ouvrages que nous venons de citer, Parmentier a publié une foule de Mémoires et de Dissertations dans les recueils scientifiques, notamment dans le Cours complet d'agriculture, de Rosier ; la Bibliothèque physico-économique ; le Journal de physique ; les Mémoires de la Société royale d'agriculture ; l'Encyclopédie méthodique ; la Feuille du cultivateur ; le Journal de la Société de pharmacie de Paris ; les Annales de chimie ; le Journal et le Bulletin de pharmacie ; le Magasin encyclopédique ; le Bulletin de la Société philomathique ; les Mémoires des Sociétés savantes et littéraires de la république française ; le Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle ; le Théâtre d'agriculture d'Olivier de Serrés ; le Nouveau cours d'agriculture ; le Recueil de l'Institut national ; etc., etc. Il a répandu enfin, dit Musset-Pathay, beaucoup d'autres écrits et instructions dans plusieurs feuilles périodiques, et l'on peut dire que dans l'économie domestique et rurale il a éclairé son siècle.

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