Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section XXVII
par Victor de Beauvillé
FERNEL (Jean) naquit à Montdidier en 1497. Laurent, son père, demeurait dans le faubourg Becquerel, où il exerçait avec Marguerite Barré, sa femme, la double profession de pelletier et d'aubergiste, à l'enseigne du Kat noir. En 1509, Laurent quitta cette ville pour s'établir à Clermont et tenir l'auberge du Cygne : cette circonstance a fait croire à Guillaume Plancy, son biographe, que Jean Fernel était de Clermont.
Fernel était assez âgé lorsqu'il commença à étudier ; mais ses progrès furent si rapides qu'il ne tarda pas à surpasser ceux qui l'avaient précédé dans la carrière des sciences, et, à vingt-deux ans, il fut reçu maître ès arts. L'ardeur avec laquelle il se livra au travail influa sur sa santé, et lui causa une fièvre quarte qui l'obligea, pendant quelque temps, d'interrompre ses études. Remis de cette maladie, il s'adonna à la médecine, dont il venait d'éprouver le secours efficace, sans toutefois cesser de professer la philosophie au collége Sainte-Barbe. En 1527, il publia son premier ouvrage, intitulé Monalosphœrium : c'est un traité d'astronomie. Fernel se fit recevoir licencié en médecine en 1530, et docteur au mois d'octobre de la même année : Die lunœ decima ejusdem mensis octobris 1530, lauream doctoralem suscepit dictas Fernel, prœside decano, magistro Antonio Gentil primam quœstionem, et magistro Johanne Tagault loco domini Braillo secundam, terminantibus. — Tertia decembris 1530, supplicuit magister Johannes Fernel pro pastillaria celebranda, die lunœ duodecima ejusdem mensis. (Registre de la Faculté de médecine.)
Fernel avait un goût très-vif pour les mathématiques et la physique ; il employait une partie de sa fortune à faire confectionner des instruments d'optique, et pendant plusieurs années il s'appliqua uniquement à l'astronomie. Ses découvertes ont contribué aux progrès de la science : « Il est le premier des modernes, » dit Lalande, « qui ait fait connaître la grandeur de la terre. » — « Le fameux Fernel, » rapporte Montucla, Histoire des mathématiques, tome II, « est le premier des modernes qui ait entrepris de déterminer de nouveau la grandeur de la terre. Il alla de Paris à Amiens, mesurant le chemin qu'il faisait, par le nombre de révolutions d'une roue de voiture, et s'avançant jusqu'à ce qu'il eût trouvé précisément un degré de plus de hauteur du pôle, et par là il détermina la grandeur du degré de 56,746 toises de Paris. »
« Il est assez remarquable que la Picardie ait donné naissance à quatre astronomes qui ont mesuré des degrés. Fernel était né à Montdidier ; la Caille, à Rumigny en Thiérache ; Méchain, à Laon ; je suis d'Amiens : ces quatre villes étaient de l'ancien gouvernement de Picardie. » (Delambre. Histoire de l'astronomie du moyen âge.)
Malgré son penchant pour l'astronomie, Fernel se décida, sur les instances de son beau-père, à renoncer à cette science pour s'occuper exclusivement de la médecine, qu'il professait au collége de Cornouailles. L'habileté qu'il acquit dans cet art porta son nom jusqu'aux extrémités de l'Europe, et, sur le bruit de sa renommée, on accourait de tous les pays pour le consulter et suivre ses leçons ; il avait un coup d'œil excellent, et discernait, à la première vue, la nature d'une maladie.
Il guérit d'un mal dangereux Diane de Poitiers, et le Dauphin, par reconnaissance, voulut l'avoir auprès de lui ; mais Fernel refusa de s'attacher à ce prince, craignant de n'avoir plus assez de temps à donner à ses recherches. On a prétendu que le savoir de Fernel triompha de la stérilité de Catherine de Médicis ; c'est très-douteux : Fernel n'en dit pas un mot ; cependant la cure méritait bien d'être citée. Aucun des historiens contemporains ne mentionne ce fait, et ce n'est que soixante ans après la naissance de François II, que Scévole de Sainte-Marthe en parle pour la première fois. On peut voir à ce sujet la dissertation de Goulin, dans ses Mémoires littéraires et critiques pour servir à l'Histoire de la médecine.
En 1556 Fernel fut nommé premier médecin du roi, et, en cette qualité, il accompagna Henri II au siége de Calais ; de retour de cette ville, il suivit la cour à Fontainebleau, où il perdit sa femme. Le chagrin profond qu'il en conçut le rendit malade, et le conduisit rapidement au tombeau : il mourut d'une maladie de foie le 26 avril 1558, dans la soixante-deuxième année de son âge.
Fernel avait épousé, en 1531, Madeleine Tornebüe, fille d'un conseiller au parlement de Paris ; il laissa deux filles : Marie, l'aînée, épousa Philibert Barjot, conseiller au parlement ; Madeleine, la seconde, se maria avec Gilles Riant, avocat du roi en la même cour. Ses enfants trouvèrent après lui une belle fortune : il possédait plus de trente mille écus cachés derrière des livres ; il ne gagnait pas moins de dix à douze mille livres par an, somme considérable pour l'époque et qui représente environ 45,000 fr. de notre monnaie. Son activité, il est vrai, était infatigable : Fernel travaillait depuis quatre heures du matin jusqu'à onze heures du soir, c'est à peine s'il prenait le temps de faire ses repas ; le nombre des personnes qui venaient le consulter était si grand que pendant l'été il dînait debout. L'étude faisait sa seule distraction : il parlait et écrivait le latin avec une pureté peu commune ; on a dit de lui qu'il raisonnait comme Aristote et parlait comme Cicéron. Fernel ne se traînait point servilement sur les traces de ses prédécesseurs ; il avait un génie qui lui était propre et des connaissances bien supérieures à celles de ses contemporains ; ce fut un véritable réformateur, une des lumières de l'art de guérir.
La réputation de notre compatriote était colossale, ses confrères avaient pour lui une déférence sans bornes ; dans les écoles on expliquait et on commentait ses ouvrages comme ceux d'Hippocrate et de Celse. L'admiration qu'il avait excitée comme praticien et comme écrivain ne passa point avec lui ; sa gloire fut durable et lui survécut. De Thou, Schaffer, Bullart, n'en parlent qu'avec les plus grands éloges. On peut voir, dans l'ouvrage de Blount, Censura celebriorum authorum, l'estime que des savants de premier ordre professaient pour Fernel ; Gui Patin ne cite son nom qu'avec respect, et le regarde comme le plus habile médecin qui ait paru depuis Gallien ; la Faculté de Paris l'appelait encore, dans le siècle dernier, l'ornement de son école. Tous les biographes anciens et modernes rendent justice à l'étendue de son savoir. Cabanis dit de Fernel qu'il était un génie capable de systématiser les connaissances les plus vastes, et de les présenter dans un style tout à la fois très philosophique et très-brillant.
Fernel fut enterré dans l'église Saint-Jacques de la Boucherie ; l'abbé Villain, dans son Histoire de cette paroisse, donne quelques indications sur le lieu de sa naissance et de sa sépulture. On lisait l'épitaphe suivante sur une plaque de cuivre :
D. IMMORTALI OPT. MAX. ET CHRISTO JESU
HOMINUM SALVATORI
SACRUM.
JOANNI FERNELLO, AMBIANENSI
HENRICI II. GALLIARUM REGIS CONSILIARIO
ET PRIMO MEDICO NOBILISSIMO ATQUE OPTIMO
RECONDITARUM ET PENITUS ABDITARUM RERUM,
SCRUTATORI, ET EXPLICATORI SUBTILISSIMO ;
MULTORUM SALUTARIUM MEDICAMENTORUM INVENTORI.
VERÆ GERMANÆ QUE MEDICINÆ RESTITUTORI,
SUMMO INGENIO EXQUISITA QUE DOCTRINA MATHEMATICO.
OMNI IN GENERE PHILOSOPHIA CLARO,
OMNIBUS INGENUIS ARTIBUS INSTRUCTO
TEMPERATISSIMIS SANCTISSIMIS QUE MORIBUS PBÆDITO ;
SOCERO SUO PIENTISSIMO
PHILIBERTUS BERIOTIUS SUPPLICUM LIBELLOBUM IN REGIA MAGISTER
MAGNI QUE REGII CONSILII PRÆSES
AFFINITATE GENER.
PIETATE FILIUS
MŒRENS POSUIT.
ANNO A SALUTE MORTALIBUS RESTITUTA. MDLVIII.
OBIIT 26. DIE APRILIS MDLVIII.
VIXIT ANNOS LII.
Les derniers mots de cette épitaphe : Vixit annos LII, ont fort exercé l'esprit des critiques et donné lieu à bien des discussions. L'âge qu'avait Fernel au moment de son décès est très-controversé : les uns le font mourir à quarante-neuf ans ; d'autres, à cinquante-deux, soixante-deux et même soixante-douze ans. La première opinion compte peu de partisans ; la seconde en a davantage, et la date indiquée sur l'épitaphe entre pour beaucoup dans le sentiment de ceux qui partagent cette manière de voir. L'âge de soixante-douze ans, que Plancy attribue à Fernel au moment de son décès, a rallié un grand nombre de suffrages ; mais l'opinion la mieux fondée est celle qui fixe le décès de notre compatriote comme étant arrivé dans la soixante-deuxième année de son âge, et nous n'avons pas hésité à nous y rattacher. Nous n'entrerons dans aucune discussion à cet égard, tout a été dit sur ce sujet, avec une justesse de raisonnement irréfutable, par Goulin dans ses Mémoires littéraires et critiques. Le travail auquel il s'est livré sur Fernel , bien qu'il ne le présente que comme une ébauche, est une œuvre achevée, et nous ne concevons pas comment, après l'avoir lu, on peut encore, ainsi que le font certains écrivains modernes, placer la naissance de Fernel en 1506. On sait, au reste, comment se font les compilations biographiques : on copie les auteurs qui ont traité le même sujet, et l'on ne se donne pas la peine de constater la solidité de leurs assertions. Les personnes qui voudraient connaître d'une manière spéciale la vie et les écrits de notre concitoyen feront bien de lire le Mémoire de Goulin ; il renferme la traduction entière de la vie de Fernel, composée par Guillaume Plancy, accompagnée de notes critiques, généalogiques et littéraires fort intéressantes ; on peut consulter également avec utilité l'article que Bayle a consacré à Fernel dans son Dictionnaire historique.
Presque tous les critiques qui ont approfondi la question de l'âge de Fernel rejettent comme fausse l'énonciation LII inscrite sur sa tombe plusieurs années après sa mort, et à la fin du siècle dernier elle ne trouvait plus créance. On peut voir à cet égard les notes manuscrites de Mercier de Saint-Léger, qui accompagnent son exemplaire de la Bibliothèque française, de la Croix du Maine, conservé à la Bibliothèque nationale ; la Biographie de Feller, d'accord en cela avec la saine logique, place en 1497 la naissance du savant Montdidérien.
Par une fatalité singulière, le lieu de la naissance de Fernel n'est pas moins contesté que l'époque de son décès. Grâce toutefois à une critique judicieuse, des prétentions rivales ont été écartées, et le champ de la discussion se trouve circonscrit dans ses véritables limites. Ainsi l'opinion qui faisait naître Fernel à Amiens est aujourd'hui complétement abandonnée, et le débat n'existe plus qu'entre Clermont et Montdidier. Plancy se prononce pour la première de ces deux villes. Son intimité avec Fernel a été pour plusieurs écrivains un motif déterminant, et ils ont adopté sans contrôle l'avis de cet auteur. Hâtons-nous d'ajouter cependant que cet avis a été combattu presque aussitôt qu'énoncé, et depuis longtemps des autorités très-respectables ont protesté contre, et restitué à Montdidier l'honneur d'avoir donné le jour à un des plus grands médecins qui aient illustré la France.
Mézerai assure que Fernel est né à Montdidier, il serait surprenant que cet historien, dont Boileau vante l'exactitude, se fût trompé : il écrivait soixante ans seulement après la mort de Fernel, et pouvait, par conséquent, être renseigné facilement sur l'authenticité du fait dont il parle. La vie de Fernel par Plancy n'a été imprimée qu'en 1607 ; Mézerai, qui naquit en 1610, a pu, sans peine, vérifier et contredire la valeur des assertions de son devancier.
Simon, dans son Supplément à l'Histoire du Beauvaisis, déclare que Fernel était de Montdidier ; il n'aurait pas manqué d'attribuer cet honneur à Clermont, si cela lui eût été possible, puisque le Beauvaisis était l'objet spécial de ses recherches. L'abbé Villain, dans son Essai d'une histoire de la paroisse de Saint-Jacques de la Boucherie, adopte le même avis, et dit expressément que c'est le sentiment le plus autorisé ; Piganiol de la Force ; le Dictionnaire historique, imprimé à Paris en 1765, et le P. Daire, dans son Histoire de Mondidier, font aussi naître Fernel dans notre ville. Cette opinion est également partagée par Delambre, par M. Dusevel et par M. Gilbert dans sa Notice sur la cathédrale de Beauvais.
Goulin défend intrépidement Plancy, qui le premier a prétendu que Fernel naquit à Clermont. Ce serait esquiver la difficulté que de ne pas mettre ses raisons sous les yeux du lecteur :
« Il n'est guère probable, » dit Goulin, « que Plancy se soit trompé sur le lieu de la naissance de Fernel, avec lequel il a demeuré dix ans, et dont il avait toute la confiance. Cependant Mézerai soutient qu'il naquit à Montdidier. J'ai sous les yeux un recueil manuscrit où se trouvent quelques anecdotes sur Fernel ; on y voit entre autres celle-ci : Laurent Fernel, aubergiste au logis du Kat (Chat), en 1503, à Montdidier, et dans le fauxbourg de Becquerel ; en 1506, acheta un vivier et une terre en la vallée de Montdidier, chargée de dix sols tournois de rente envers l'Hôtel-Dieu. En 1508, avoit été à l'amende pour avoir péché sur la juridiction du corps de la ville. V. Reg. de la ville de Montdidier, et Simon, Suppl. à l'Histoire du Beauvaisis.
Fut demeurer à Clermont en Beauvoisis, vers 1509, où il exerça le métier de pelletier dans une maison vis-à-vis l'arbre de Guise ; il y tint auberge à l'enseigne du Cygne. Il fut père de Jean Fernel, né à Montdidier ; ce dernier se nommait Ambianensis, c'est-à-dire du diocèse d'Amiens.
Ce qu'on vient de lire au sujet de Laurent Fernel est peut-être vrai ; mais il ne s'ensuit pas qu'il soit le père du médecin, on ne cite aucun acte qui le prouve. Encore une fois, Plancy devait être plus instruit sur cet article que Mézerai : se serait-il exprimé si positivement, s'il n'eût appris ce fait de Fernel lui-même ? serait-il d'ailleurs impossible que Laurent fût seulement son oncle ou son parent ? La confiance qu'avait Fernel en Plancy ne permet pas de douter qu'il ne lui eût parlé de son pays, de sa jeunesse, de ses père et mère. De quelle bouche que de la sienne a-t-il pu savoir ce qui précède son arrivée à Paris ? Il restera donc pour constant qu'il vint au monde à Clermont, et non pas à Montdidier, ni à Amiens, comme le veut l'abbé Ladvocat dans son Dictionnaire historique de 1760. Plancy doit l'emporter, tant qu'on ne lui opposera point de témoignages authentiques. »
Ces raisons sont plus spécieuses que bien fondées. Plancy, comme le rapporte Goulin, assure que Fernel naquit à Clermont. Cependant Fernel, dans ses ouvrages, se dit positivement du diocèse d'Amiens, Ambianas, puis Ambianus, mais pas Ambianensis, comme le relate le manuscrit cité par Goulin ; or Clermont n'a jamais fait partie de ce diocèse. Il est vrai que Plancy, pour expliquer cette circonstance, ajoute que Fernel se disait d'Amiens parce que son père en était originaire : Ambianum in operibus ideirco se prœdicat, quod patrem inde oriundum habuerit. Cette explication est étrange. Depuis quand un fils indique-t-il comme le lieu de sa naissance l'endroit où est né son père ? Jamais un habitant de Rouen, de Beauvais ou d'Arras, ne se dira du diocèse d'Amiens parce que son père y naquit. D'ailleurs où est la preuve que le père de Fernel était d'Amiens ? A notre tour nous pourrions dire comme Goulin : On ne cite aucun acte qui le prouve.
Pierre de Saint-Romuald va plus loin : il affirme que Fernel est né à Clermont, et qu'on lui donna le nom d'Ambianois, d'autant que le faubourg dans lequel il naquit s' appelle faubourg d'Amiens. Une pareille opinion ne se discute pas ; autant vaudrait prendre le nom de la rue et du carrefour où l'on est né. M. Feret a cependant ressuscité ce sentiment dans un Mémoire lu à la Société des antiquaires de Picardie, le 18 août 1850, et il prétend le justifier par un extrait de compte d'un ancien registre de l'Hôtel-Dieu de Clermont de 1532, constatant que cette année il y avait dans le faubourg de Clermont une hôtellerie du Cygne où demeurait Laurent Fernel. Personne ne conteste que cette auberge du Cygne n'existât en 1532 et que Laurent Fernel n'y habitât, mais rien n'établit que Jean Fernel y soit né : c'est là ce qu'il fallait prouver, et c'est ce que M. Feret n'a point fait. Fernel se qualifie Ambianus, ou du diocèse d'Amiens, exactement comme le fait son contemporain et compatriote Antoine Petit, savant médecin, qui, bien que né au Mesnil-Saint-Georges, près de Montdidier, prend cependant, dans son Traité sur les crises, le surnom d'Ambianus : Antonii Petitœi Ambiani crisimerologion, seu dierum crisimorum ratio ad amplissimum medicorum Parisiensium ordinem.
Les objections que se pose Goulin pour s'encourager à persister dans l'opinion de Plancy sont virtuellement détruites, ainsi que l'opinion de ce dernier, par les documents inédits que nous allons produire.
François de la Morlière, conseiller au bailliage et maire de Montdidier dans le dix-septième siècle, l'un des hommes les plus érudits de notre pays, a examiné avec grand soin la question de savoir si Fernel avait reçu le jour à Montdidier ; les recherches consciencieuses auxquelles il s'est livré et les nombreux témoignages qu'il rapporte ne permettent plus de douter que Fernel ne soit notre compatriote ; aussi ne pouvons-nous mieux faire que de citer textuellement ses paroles :
« Montdidier a pour soy l'autorité, la tradition et les titres. L'autorité de Fernel mesme, du sieur Barjot, son gendre, de Jacques Silvius, de monsieur de Thou et de Scevole de Sainte-Marthe, qui tous le font Ambianus ou Ambianensis, du pais ou du diocèse d'Amiens, ce qui convient à Montdidier.
La tradition perpétuelle qui s'est continuée de père en fils jusques à nous, que Fernel estoit natif du fauxbourg de la porte de Becquerel de Montdidier dans la paroisse de Saint-Martin, que son père estoit pelletier de sa première profession, et que la maison en laquelle il a pris naissance se voit encore en ce fauxbourg proche d'un gros arbre, ordinairement appelé l'arbre de Guise.
On a souvent ouy dire à Marthe Dufour, décédée en 1620, âgée de cent cinq ans, et qui par conséquent avoit quarante-trois ans à la mort de Fernel en 1558, que Fernel estoit de Montdidier, du fauxbourg de la porte de Becquerel, et qu'on ne l'appeloit que le grand médecin ; Marthe Dufour estoit ayeulle de M. François de Vaux, docteur ès arts, professeur en rhétorique et philosophie, décédé à Paris en 1620.
Marguerite le Magnier, femme de Jean de Rouvroy, décédée en 1637 âgée de quatre-vingts ans et plus, a toujours dit qu'elle estoit cousine de Fernel, qu'il estoit né dans le fauxbourg de Montdidier, qu'il fut à Paris où il se fit fort considérer dans ses études et quelques années après la mort de son père estant venu à Montdidier pour y prendre sa part dans le bien qu'il y avoit acquis, il en fut empesché par ses cohéritiers, par les moiens par eux proposés ; ce qui l'obligea de dire en sortant de la ville, que puisque Montdidier lui faisoit perdre son bien qu'il lui feroit perdre son nom. C'est ce que Marguerite le Magnier (et non pas Dumenge, comme on a dit jusqu'à présent) a dit plusieurs fois, je ne sceay si on peut bien vériffier cette tradition et si Laurent Fernel a eu d'autres héritiers que M. Jean Fernel, quoiqu'il ait peu et deub en avoir d'autres, sur ce que Plantius remarque en ces termes : Dum « Fernelius » cogitat « medicinam eligere » a patre listeras accepit, quibus graviter conquerebatur, in unius filii studia nimium jam malta esse impensa, alios sibi superesse quos œqua cura fovere debeat : ce qui auroit pu faire la plainte de ses cohéritiers. J'ai vu le contrat de mariage de Marguerite le Magnier avec Jean de Rouvroy du 5 septembre 1576 : elle estoit fille de Gallien Magnier et d'Adrienne de Hangest, laquelle de Hangest ayant epousé en 2e nopces Charles Dumenge, on a dit Marguerite Dumenge.
Le sieur de Lèvremont, qui avoit été le gouverneur des enfants de la maison d'Halluin, décédé en 1635, âgé de quatre-vingt-quinze ans, ainsi âgé de dix-huit ans à la mort de Fernel, a toujours dit et soutenu que Fernel estoit natif de Montdidier, ce qui estoit public et tenu pour constant dans ses jeunes jours ; et a souvent fait le récit de ce .qui s'estoit passé en l'assemblée des medecins pour adviser des moiens que Henri II roi de France peut avoir des enfants de la reine, où Fernel fut mandé, et à quy le roy ayant fait cette demande en presence de la reine, s'il pourroit bien lui faire des enfans, il lui fit cette response autant sage et judicieuse que chrétienne : Que c'étoit à Dieu à les lui donner ; au roy à les faire, par lequel Dieu agira pour accomplir ses desseins éternels sur la famille roialle, et à luy de donner les remèdes et les moyens pour y parvenir, ausquels Dieu donnera l'effet et la bénédiction qu'il lui plaira. Cette circonstance est assez considérable pour n'avoir pas deub être omise par Plantius. Et c'est ce que Sainte-Marthe nous a voulu marquer en ces termes : (Fernelius) ab Henrico secundo in regiam accersitus, principem inter ejus archiatros locum tenuit. Eo felicis operœ proventu, ut, quod a natures negatum esse videbatur, artis beneficio consecutus, invisam sterilitatem a domo regia repelleret, Falesiumque nomen optata generosœ prolis accessione propagandum curaret.
Voilà pour la tradition, il faut venir aux titres.
Les titres qui confirment cette tradition et qui assurent à la ville de Montdidier la naissance du grand Fernel sont trois en nombre, dont deux sont aux archives de la ville ; et l'autre en celles de l'Hôtel-Dieu.
Le premier, du 7 novembre 1503, est une sentence entre le procureur fiscal de la ville et Laurent Fernel pour les rivières. (Pièce just. 84.)
Le second titre, du 8 juin 1508, est une reconnaissance de Laurent Fernel de dix sols de surcens au profit de l'Hôtel-Dieu. (Pièce just. 85.)
Le troisième titre, du 30 décembre 1509, constate le droit d'issue de ville deub par Laurent Fernel sortant de Montdidier pour se rendre à Clermont :
Du penultiesme jour de décembre l'an mille cinq cent neuf. En la maison de la ville ont esté assemblés honnorables personnes, c'est assavoir Richard Trouvant, majeur, Jean Herault, maistre Jean Boullé, Rober Rohault, Jean Desquesnois, Henri le Pot, Me Jean Caillet et Collard le Fournier, eschevins, M. Augustin Pavie advocat de la ville, Pierre Platel procureur de ladite ville et autres, par lesquels concordablement ensemble a esté délibéré sur la signification et advertance nagueres faites par Laurens Fernel, hoste du logis du Kat dudit Montdidier, que demain au matin, il estoit délibéré de soy départir dudit Montdidier pour aller demourer en laville de Clermont, et ameneroit avecque luy ses biens, que deffenses luy fussent faites de non transporter aucuns biens hors d' icelle ville de Montdidier, que préalablement n'eust paié et satisfait à la dite ville du droit d'issue de ville, ensemble des tailles du roy et de ladite ville dont le brief des dites tailles du roy est, jà envoié par messieurs les esleus, et pour seureté desd. droits d'issue, et tailles ou cas que ledit Fernel seroit à ce faire refusant, que le sergent executeur de cette presente deliberation se garniroit, sans préjudice aux droits des parties, des biens dudit Fernel, jusques à la somme de vingt livres tournois, ce qui a esté fait par Jean Bellin sergent.
Ces trois titres assurent à la ville de Montdidier la naissance du grand Fernel, puisque Laurent Fernel son père, y avoit son établissement dès 1503, et mesme paravant, connue il resulte assés de la sentence de cette année, qu'il y demeuroit en 1508, non-seulement pour la qualité de marchant hostelin qui luy est donnée, mais par les acquisitions qu'il y a faites, qu'il y estoit encore en 1509 hoste du logis du Kat, et qu'il n'en est sorty que le dernier décembre 1509 pour s'établir à Clermont.
Ce dernier titre donne un grand esclaircissement à ce que dit Plantius de la naissance et de l'éducation de Fernel en la ville de Clermont : Joannes Fernelius Claromontio oppidulo natus atque ingenue educatus, et prouve invinciblement que ce qui auroit pu être vray pour son éducation mais qui ne l'est pas, ne l'a point esté et ne le peut estre pour sa naissance. Car soit que Fernel soit décédé à soixante-douze ans, comme le veut Plantius (Fernelium) nobis immatura mors sustulerit, anno œtatis suœ septuagesimo secundo, Christi 1557, soit en 1558, âgé de cinquante-deux ans, ainsi que ledit monsieur Barjot, son gendre ou plustot le chiffre par erreur mis à son epitaphe, il est incontestablement vray que son père n'estant sorty de Montdidier pour s'establir à Clermont que le dernier décembre 1509, sa naissance est deüe à la ville de Montdidier ; mais avec cette différence pour son éducation, que s'il est décédé en 1558, âgé seulement de cinquante-deux ans n'ayant au plus que trois ou quatre ans lorsque son père est sorty de Montdidier en 1509, il auroit pu avoir esté eslevé et nourry en ses jeunes jours à Clermont, que si au contraire il est décédé en 1557, âgé de soixante-douze ans, c'est à Montdidier seul qu'il doit son éducation aussi bien que sa naissance, puisqu'il auroit esté âgé de vingt-quatre ans lorsque son père en est sorty en 1509 ; Clermont ne peut pretendre ny l'une ny l'autre ainsi qu'il sera demonstrativement prouvé. Ce qui a fait l'erreur de Plantius, est, qu'ayant bien sceu que Laurent Fernel avoit son établissement à Clermont au jour de son décès, et qu'il y avoit une maison, qui estoit l'hostellerie du Cygne qui se voit encore, il a pensé qu'il y avoit eu de tout temps son établissement et que ses enfants y avoient pris naissance, mais il n'a point sceu que Laurent Fernel n'estoit sorty de Montdidier pour s'establir à Clermont que le dernier décembre 1509.
Je scay bien qu'on peut dire que ces titres qui prouvent que Laurent Fernel avoit son domicile et sa famille à Montdidier dès paravant 1503 jusques et compris 1509, ne prouvent pas que Laurent Fernel eût esté le père de M. Jean Fernel, et que s'il en avoit esté le père, ces mesmes titres qui le font marchant hostelin demeurant à Montdidier seroient contraires à la tradition dont il a esté parlé, qui fait le père de M. Jean Fernel, pelletier de profession, et demeurant non dans la ville mais dans le fauxbourg de Montdidier.
Il est aisé de répondre au regard de la tradition qu'il n'y a nul inconvénient que Laurent Fernel n'ait esté premièrement pelletier, et que du depuis il n'ait trouvé le moien et l'occasion d'entrer dans une meilleure fortune et de se faire marchant et maistre d'une hostellerie ou mesme hoste de la maison où pendoit pour enseigne le Chat, et si cela ne suffit, qu'il y a plus lieu de s'arrester aux titres et de les suivre, que non pas la tradition, qui luy est mesme moins advantageuse.
La question si Laurent Fernel estoit le père de
M. Jean Fernel n'en doit point estre une, et on n'en peut point douter, puisque
nous avons la preuve que Laurent Fernel n'a quitté Montdidier en 1509 que pour
s'establir à Clermont, et que ceux qui ont attribué la naissance de M. Jean
Fernel à Clermont n'en ont point d'autre, que Laurent Fernel à son décès y
faisoit sa demeure, y avoit maison de famille et qu'il en estoit le père.
Clermont et Beauvais sont dans cette créance, et ils n'en ont jamais douté, ils
connoissent Laurent Fernel maistre de l'hostellerie du Cygne de Clermont, et
Marguerite Barré, sa femme, pour les père et mère de M. Jean Fernel ; ils
sçavent qu'il a recueilly leur succession et que ç'a esté lui ou du moins ses
descendants qui ont vendu cette hostellerie ; ils sçavent encore aujourd'hui
qu'elle venoit de Laurent Fernel, et entre plusieurs titres qui en font la
preuve est celuy du 27 septembre 1515 aux archives du chapitre de Beauvais, par
lequel Laurent Fernel a cautionné Guillaume Barré, son beau-frère, receveur
général de ce chapitre, dans lequel ils sont l'un et l'autre comparans en ces
termes : Furent présens en leurs personnes Guillaume Barré,
marchant demeurant à Beauvais et Laurent Fernel, marchant hostelin, demeurant à
Clermont, en l'hostellerie où pend pour enseigne le Cygne, disans,
etc...., Laurent Fernel qui estoit maître de l'hostellerie du Chat à Montdidier,
en 1509, est le même Laurent Fernel qui est maître de l'hostellerie du Cygne à
Clermont, en 1515, et présomptivement en 1510, d'où cette double conséquence
suit, l'une
qu'on ne peut mettre en contestation si Laurent Fernel est le père de M. Jean
Fernel, puisque Clermont ne prétend la naissance de M. Jean Fernel que pour ce
qu'il est le fils de Laurent Fernel ; l'autre, que quand, ce qui
n'est pas, M. Jean Fernel n'auroit esté âgé que de cinquante-deux ans à son
décès en 1558, le père n'estant sorty de Montdidier qu'en 1509, Clermont ne peut
être le lieu de sa naissance, mais Montdidier. »
Voilà des témoignages bien positifs à opposer à l'opinion de Plancy et aux hypothèses qu'imagine Goulin pour en soutenir l'exactitude. Les parents de Fernel et des personnes qui l'ont connu déclarent formellement qu'il est né à Montdidier ; le dire unique, isolé, de Plancy peut-il prévaloir contre la triple affirmation de Marthe Dufour, de Marguerite le Magnier et du sieur de Lèvremont, contemporains et parents de Fernel ? Assurément non. Ce sont là des preuves irrécusables, des témoignages authentiques, tels qu'en demandait le sceptique Goulin. Ce dernier ne paraît pas avoir eu connaissance de l'ouvrage du P. Daire, car dans sa dissertation sur Fernel il ne le cite point ; il parle d'un manuscrit contenant quelques anecdotes sur Fernel, mais ce manuscrit était incomplet et erroné ; ainsi il avance que le père de Fernel demeurait à Clermont dans une maison vis-à-vis l'arbre de Guise ; or c'est à Montdidier et non à Clermont qu'était l'arbre de Guise.
La lecture de ce manuscrit, quelque incomplet qu'il soit, ne laisse pas cependant de faire impression sur l'esprit de Goulin ; il doute, il est ébranlé. Ce qu'on vient de lire, dit-il, au sujet de ce Laurent Fernel est peut-être vrai ; mais il ne s'ensuit pas qu'il soit le père du médecin, on ne cite aucun fait qui le prouve ; et pour s'affermir dans l'opinion de Plancy, il crée des suppositions : Seroit-il d'ailleurs impossible que Laurent fût seulement son oncle ou son parent ? A cela de la Morlière répond victorieusement que, puisque la ville de Clermont n'a d'autre raison pour s'attribuer la naissance de Fernel que le témoignage de Plancy, et ce fait, qu'il serait fils de Laurent Fernel, hostelin, si l'on suppose que ce Laurent est seulement son oncle, il n'y a plus aucun motif pour faire honneur à Clermont de la naissance de Fernel.
Plancy n'est pas un auteur infaillible, et Goulin sait fort bien, à l'occasion, le convaincre d'erreur et adopter un avis opposé au sien. La vie de Fernel, écrite par son secrétaire, est loin d'être exempte de fautes, ainsi que Goulin le prouve lui-même. Il n'ajoute pas foi, et il a raison, à l'âge de soixante-douze ans qu'aurait eu Fernel au moment de son décès, comme le prétend Plancy ; pourquoi avoir plus de croyance lorsqu'il s'agit du lieu où il est né ? Si Plancy s'est trompé de dix ans sur l'âge de Fernel, il lui a été encore plus facile de se tromper sur le lieu de sa naissance. Plancy a composé la vie de son maître bien après la mort de ce dernier ; or, Fernel n'ayant passé que les premières années de son enfance à Montdidier, et son père ayant demeuré longtemps à Clermont, il est très-probable qu'il n'aura jamais parlé à Plancy de la ville de Montdidier, qu'il connaissait fort peu, et où, d'après la tradition, il n'était revenu que pour avoir des difficultés avec ses cohéritiers, circonstance peu propre à lui faire prendre en affection son pays natal. Mais à quoi bon insister davantage, quand on voit des membres de sa famille affirmer positivement qu'il était notre compatriote ? De la Morlière nous révèle un fait inconnu des biographes, c'est le nom de la mère de Fernel : elle se nommait Marguerite Barré.
Fernel était de haute taille, d'une constitution robuste, mais il souffrait du foie et mourut d'une inflammation de cet organe ; comme toutes les personnes atteintes de cette affection, il avait le teint livide et plombé ; sa barbe et ses cheveux étaient noirs et touffus, son visage grave, sévère et sombre. Ses divers portraits rendent bien cette physionomie ; ils sont en assez grand nombre, et l'on en compte jusqu'à seize, mais ils offrent peu de différence entre eux : quelques-uns sont d'une exécution très-soignée ; Moncornet, Lormessin, Pinchard, Mathan, Van Dalen, Charpignon, etc., ont reproduit les traits de ce fameux médecin ; plusieurs de ses portraits, sans nom d'auteur, sont gravés sur bois. A la rose sud de la cathédrale de Beauvais, on distingue, assure-t-on, le portrait de Fernel représenté sous les traits de l'apôtre saint Luc.
La numismatique a voulu aussi lui payer son tribut. En 1798, M. Gatteaux exécuta une médaille de 0m,06 de diamètre, représentant Fernel et Ambroise Paré, la médecine et la chirurgie glorifiées dans leurs plus célèbres interprètes. On lit cet exergue au bas :
LA MÉDECINE RENDUE A SON
UNITÉ PBIMITIVE.
DECRET DU 14 FRIMAIBE
AN III DE LA R. F.
Sur le revers on voit l'intérieur de la cour de l'École de médecine de Paris, avec cette inscription au-dessus :
ÆDES ACADEMI . ET SCHO . CHIBURGO
et au bas
REGIA MUNIFICENTIA INCHOAT
MDCC LXX. ABSOL :
MDCCLXXIV.
Le revers de la médaille varie ; au lieu de la façade de l'École de médecine, il est des médailles qui portent simplement ces mots à l'entour :
ÉCOLE DE MÉDECINE DE PARIS.
et dans le champ :
PRIX
DE L'ÉCOLE
PRATIQUE
AN VI.
et au-dessous le serpent d'Esculape entourant la baguette divinatoire. Cette médaille se donnait en prix aux élèves de l'école de médecine. En 1822, M. Depaulis a gravé pour la collection connue sous le nom de Galerie métallique des grands hommes français, une médaille de Fernel qui est très bien réussie. L'inscription reproduit l'erreur accréditée par Plancy :
NÉ
A CLERMONT
PRÈS BEAUVAIS
EN M. CCCC XCVII.
MORT
EN M. D. LVIII.
GALERIE MÉTALLIQUE
DES GRANDS HOMMES FRANÇAIS.
1822.
Ce sont ces deux médailles que nous mettons sous les yeux du lecteur avec celle de Parmentier ; je possède un fort beau médaillon de 0m,15 de diamètre, que M. Depaulis a eu l'obligeance de faire exécuter pour moi en 1849, d'après la médaille qu'il avait faite en 1822.
Les armes de Fernel étaient : d'azur, à trois palmes d'or, et celles de sa femme : d'or, à trois têtes de bœuf de sable.
Les ouvrages de Fernel sont
très-nombreux ; pour avoir une notion de ce qu'ils renferment, il faut consulter
l'excellente notice bibliographique de Goulin : en la parcourant, on comprend
l'immense réputation de savoir dont
notre compatriote a joui si longtemps. Il est peu d'auteurs,
dit son spirituel biographe,
dont les écrits aient été aussi souvent imprimés. Trente
imprimeurs ont employé leurs presses à répandre le fruit des veilles utiles de
remet ; et ces presses étaient placées à de grandes distances les unes des
autres, c'est-à-dire à Paris, à Lyon, à Francfort, à Anvers, à Londres, à Génes,
à Turin, à Venise, à Hanau, à Leyde, à Utrecht.
Goulin cite jusqu'à quatre-vingt-sept éditions des œuvres de Fernel, et encore croit-il ne pas les connaître toutes ; nous nous bornerons à indiquer le titre de ses différents ouvrages :
Joannis Fernelii Ambianatis Monalosphærium partibus constans quatuor, prima, etc. Parisiis, in œdibus Sirnonis Colinœi, 1526, in-folio.
Joannis Fernelii Ambianatis de proportionibus libri duo, prior, etc. Parisiis, ex œdibus Simonis Colinœi, 1528, in-folio.
Joannis Fernelii Ambianatis cosmotheoria libros duos complexa. Prior, etc. Parisiis, in œdibus Simonis Colinœi, 1528, in-folio.
Mattaire cite une édition de cet ouvrage imprimée chez Colins, en 1526, in-folio.
Joannis Fernelii Ambianatis, de naturali parte medicina libri septem. Parisiis, apud Colinœum, 1542, in-folio.
Mattaire mentionne une autre édition imprimée la même année à Paris, sous ce titre :
Joannis Fernelii de naturali parte medicinæ libri septimi, imprimebat Parisiis, Adamus Saulnerius impensis Colinœi, MDLII, in-folio.
Joannis Fernelii Ambiani de vacuandi ratione liber. Parisiis, ex officina Christiani Wecheli, 1545, in-8°.
Mattaire indique une édition de Venise de 1548.
Joannis Fernelii Ambiani de vacuandi ratione liber. Venetiis ex officina Erasmiana, MDXLVIII.
Joannis Fernelii Ambiani de abditis rerum causis libri duo, etc. Parisiis, apud Christianum Wechelum, anno MDXLVIII, in-folio.
Joannis Fernelii medicina, ad Henricum II, Galliarum regem christianissimum. Lutetiœ Parisiorum, apud Andream Wechelum, 1554, in-folio.
Joannis Fernelii therapeutices universalis, etc. Lugdini, 1569, in-8°.
Joannis Fernelii Ambiani, doctoris medici Parisiensis archiatri regii, consiliorum medicinalium liber, etc. Parisis, apud Egidium Beys, MDLXXXII, in-folio.
Joannis Fernelii Ambiani febrium curandarum methodus generalis, nunquam antehac edita. Francofurti, apud Andream. Wechelum, 1577, in-8°.
Joannis Fernelii Ambiani de luis venereæ curatione perfectissima liber, nunquam antehac editus. Antuerpiœ, ex officina Plantini, architypographi regii, MDLXXIX, in-8°.
Joannis Fernelii Ambiani consilium pro epileptico scriptum. Francofurti, apud Andream Wechelum, MDLXXXI. In-8.
Joannis Fernelii, doctoris medici Parisiensis, et Henrici II Galliarum regis christianissimi, pathologiæ, archiatri clarissimi, libri septem, nova editio, etc. Parisiis, apud Joannem le Mire, M.D.CXXXVIII, in-12.
Pharmacia Joannis Fernelii cum Guilel. Planti et Franc. Saguyeri scholiis, in usum pharmacopœorum nunc primum edita. Hanoviœ, typis Wechelianis, apud Claud. Marnium et hœredes Joann. Aubrii, MDCV, in-12.
De arthritidis præservatione et curatione clarorum doctissimorumque nostræ ætatis medicorum consilia, etc. Francofurti, apud Joannem Wechelum et Petrum Fischerum consortes, MDCII, in-8°.
De partu legitimo.
Cette dissertation est insérée dans les œuvres complètes de Fernel.
Les trois premiers ouvrages de Fernel sur les mathématiques sont extrêmement rares ; ses traités de médecine, recueillis en corps, sont communs, mais séparés, on ne les rencontre que fort difficilement. La meilleure et la plus jolie édition de ses œuvres de médecine est celle de Leyde, Ex officina Francisci Hackii, 1645, in-8°, deux volumes. En tête se trouve un beau frontispice gravé, représentant Fernel professant dans un hôpital ; il est fâcheux qu'on ait interverti l'ordre chronologique, et qu'on n'ait pas suivi dans le classement des matières l'ordre dans lequel elles ont été composées ; on a joint à cette édition la vie de Fernel par Plancy et le jugement que plusieurs savants ont porté sur ses écrits.
*