L'histoire de la ville de Montdidier : sélection d'extraits (routes du Santerre)
Victor de Beauvillé (1817-1885) est l'auteur de la célèbre Histoire de Montdidier (1857) en 3 volumes in-4°.
Voici une sélection d'extraits concernant les routes du Santerre :
Extrait | Accès |
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Cette route n'a été abandonnée qu'en 1770 ; elle était établie sur l'emplacement de l'ancienne voie romaine d'Amiens à Reims | T. 1, p. 308 |
La difficulté des communications doit être considérée connue une des causes qui se sont opposées au développement de la ville. | T. 2, p. 328 |
Voulait-on aller à Paris, l'ancienne route par Courcelles, qu'on avait négligée totalement, était impraticable ; il fallait passer par Rollot et gagner la route de Flandre à Cuvilly ; la partie entre ce village et Mortemer était tellement mauvaise que, jusqu'en 1815, plus d'un voyageur dut mettre pied à terre pour éviter de rester dans l'ornière. Toute communication avec Roye et Breteuil était impossible. En 1827, quand la duchesse d'Angoulême, venant de Crèvecœur chez le duc de la Rochefoucauld, traversa Montdidier, le postillon de Breteuil, qui la conduisait, s'égara, alla à Coullemelle, et entra en ville par la porte Becquerel, après avoir mis quatre ou cinq heures pour faire 20 kilomètres. | T. 2, p. 329 |
La traversée de Montdidier surtout offre un exemple frappant de la manière fâcheuse dont les travaux publics sont conduits et du laisser-aller incroyable avec lequel on gaspille les deniers de l'État ; on a refait jusqu'à trois fois le viaduc qui coupe la promenade de la Bouloire des Prêtres. Assurément ce n'est pas l'eau qui gênait les ouvriers. L'administration des ponts et chaussées pousse l'esprit de corps jusqu'à ses dernières limites : il suffit qu'un projet émane d'un de ses membres pour qu'il soit réputé excellent ; elle traite du haut de sa grandeur toute idée émise par des étrangers, et se croirait déshonorée de prendre conseil de personnes qui, à une connaissance exacte des lieux, joignent celle des habitudes et des besoins de la population ; loin de les écouter, elle semble se plaire à les contrarier et à prendre le contre-pied de ce que l'on désire ; aussi qu'en résulte-t-il ? Que les projets sont parfois mal conçus, exécutés à grands frais, et ne remplissent qu'imparfaitement le but qu'on s'était proposé. | T. 2, p. 331 |
Anciennement la circulation n'était pas libre sur les routes ; la faculté d'aller et de venir était grevée d'un droit qu'on appelait le travers, sorte de redevance qu'on prélevait non-seulement sur les personnes et les marchandises, mais aussi sur ce qui servait à les transporter, de sorte que le travers participait tout a la fois du système des barrières encore en vigueur dans quelques pays, et, de notre système d'octroi. Le travers était une usurpation des seigneurs, car les chemins sont du domaine public ; mais les seigneurs finirent par s'en emparer, et par exiger un péage des individus qui traversaient leurs domaines ; ils pillaient et rançonnaient ainsi les malheureux voyageurs. Quand la féodalité se fut organisée, ce droit fut réglé : peu à peu il finit par tourner à l'avantage commun, et l'autorité royale concéda aux villes et aux seigneurs le travers sur une étendue de terre déterminée, à la condition d'y faire la police et de purger les routes des brigands qui les infestaient. | T. 2, p. 332 |